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    Amphipolis : fouilles de longue durée

      

         Les fouilles se poursuivent  et se poursuivront très probablement jusque octobre : ensuite ce sera l'hiver, toujours rigoureux dans la Grèce du Nord et il faudra trouver le moyen de protéger le chantier et de prévenir les éboulements, car, maintenant qu'elle a été ouuerte, la tombe est beaucoup plus fragile.

         Les volumes importants de terre à dégager ralentissent de beaucoup le chantier et laissent penser que le tombeau a été violé à l'époque romaine. En effet, il n'y a jamais - jusqu'à présent, tout au moins - de terre à dégager dans les tombeaux intacts qui ont été mis au jour en Macédoine, dont le plus célèbre et le plus riche est celui de Philippe II, le père d'Alexandre le Grand. En outre, la porte qui donne sur la chambre funéraire (située à environ 6 mètres de l'entrée aux Sphinges) n'est pas intacte mais présente un trou de 50x50cm, de quoi laisser passer un individu mince et souple. Le pillage de tombeaux était une spécialité - ou un sport ! - romain : ce qui intéressait les pillards, c'était essentiellement l'or. Il est très possible aussi que la tombe ait été visitée par son sommet...

         La dernière rangée de blocs du mur qui obstruait la porte a été enlevée et laisse voir un sol de mosaïque, mosaïque faite avec des galets - βοτσαλωτό δάπεδο - aux motifs géométriques de rectangles, carrés et losanges, en noir et blanc. Elle continue de l'autre côté de la porte. Au bas de celle-ci, il y a une bande de couleur bleue, de même que sur les murs latéraux : protéger les couleurs sera aussi un enjeu de taille...

         Sources des informations : TA NEA, I Kathimerini Η Καθημερινη, Eleftherotipia Ελευθεροτυπία.

    A suivre !

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  •   Le mur de l'enceinte est de toute beauté !

    Source Kathimerini 22.08.2014

    Amphipolis : les fouilles continuent

      

     Le linteau  

     

    Amphipolis : les fouilles continuent

      

        La partie haute du mur bouchant l'entrée du tombeau (cf. photo dans l'article précédent) a été dégagée de la terre et des pierres qui l'obstruaient, à savoir des blocs de 250kg pour la plupart : les deux sphinges du linteau sont maintenant bien visibles. Telles quelles, elles ont 1m45 de hauteur : il leur manque têtes et ailes qui étaient des pièces rapportées ! Elles sont en marbre de Thasos : c'est un travail très soigné, fait au burin pour les détails du corps. Il y a des traces de peinture rouge sur leurs pattes. Dans la terre dégagée, on a trouvé des morceaux d'ailes de même qu'un morceau d'un dos du lion : cette dernière trouvaille vient confirmer que le lion, à l'origine, se trouvait au sommet du tertre, tel un gardien du lieu. Il paraît désormais assuré que les sphinges et le lion - lui aussi en marbre de Thasos - sont l'œuvre du même sculpteur.

        La petite partie dégagée de la porte laisse apercevoir un décor peint.  Cette porte d'entrée ne donne pas directement sur la chambre funéraire, mais sur un couloir, lequel doit mener vers la porte qui donne accès à la chambre, ou peut-être à plusieurs chambres. Vu la taille de la porte d'entrée, on peut penser que la chambre funéraire doit avoir à peu près les mêmes dimensions que celle de Philippe II à Vergina-Aegeai qui fait 4,46x4,46m.

      

    Amphipolis : les fouilles continuent

        

         La porte commence à être visible de même que les murs qui la jouxtent et qui présentent une décoration qui rappelle le mur d'enceinte. Il en est de même du côté intérieur de la porte qui commence à être dégagé lui aussi.

     

    Amphipolis : les fouilles continuent

     

         Au vu du bon état du mur protégeant la porte d'entrée, on peut penser que le tombeau n'a pas été pillé, et de toute façon, même s'il l'avait été, il doit y avoir encore beaucoup d'objets qui permettront d'en savoir plus. Il est peu probable que le tombeau soit au centre du tertre, ce qui aurait nécessité des travaux de soutènement colossaux : il doit être excentré et pas très éloigné de l'entrée.

      M.R.

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    Serait-ce le tombeau d'Alexandre Le Grand ?

    Le tertre Kasta à Amphipolis (région de Serres) est en cours d'exploration Photo : Kathimerini 15.08.2014.

     

        Amphipolis est une cité antique située au nord de la Chalcidique, près de l'embouchure du Strymon et au pied du Mont Pangée et de ses mines d'or... C'est dire qu'il s'agissait là d un emplacement stratégique et donc convoité ! Les Athéniens, soucieux de pouvoir contrôler les Détroits et d'assurer leur approvisionnement en blé, réussirent à s'y établir en 437 av. J.-C. Ce fut une de leurs possessions les plus importantes, mais aussi des plus récalcitrantes.

        Lors de la guerre contre Sparte, dite "guerre du Péloponnèse", la cité se rendit, sans résistance, au général spartiate Brasidas, en -423. Le stratège athénien, Thucydide, le futur historien de cet ouvrage majeur qu'est La guerre du Péloponnèse, ne réussit qu'à en sauver le port, Eïon, à la suite de quoi, accusé de trahison, il fut exilé. C'est au cours de ses 20 ans d'exil qu'il parcourut le monde grec pour récolter des témoignages sur ce conflit : autorisé à rentrer à Athènes, il y mourut vers 400-395, assassiné dit-on, et laissant son oeuvre inachevée.

       Par la suite, la cité fut annexée par Philippe de Macédoine, et les Romains en firent la capitale de l'une des quatre provinces de Macédoine.

        Le site, qui est très étendu, a commencé à être exploré vers 1920, mais les premières fouilles importantes eurent lieu à partir de 1960. Les recherches archéologiques sur le site de Kasta  commencées en 2009, se sont intensifiées à partir de 2012 où l'archéologue en charge de ce site Katerina Peristeri et l'architecte Dimitris Lazaridis se sont attaqué à ce qui est une tombe aux dimensions et à l'architecture exceptionnelles, voire uniques.

        Les fouilles ont en effet mis au jour un superbe mur d'enceinte d'une hauteur de 3 mètres et d'une circonférence parfaite de 498 m (sur la base de π 3,14 et non du π égyptien de 3;17). La construction, très soignée, est en marbre de l'île de Thasos (ou poros plaqué de marbre ?). Les derniers mètres de ce mur viennent d'être dégagés. Le mur ne présente pas l'aspect de ci-dessous sur toute sa longueur :  à l'époque romaine, des parties en ont été enlevées et probablement utilisées pour d'autres constructions.

     

     De qui est-ce le tombeau ?

      

        Tout aussi exceptionnelle est l'entrée du tombeau que l'équipe vient de découvrir, tout au moins le linteau de la porte d'entrée sur lequel deux sphinges en marbre (1,5 tonne chacune) se font face : les sphinges sont des êtres fantastiques de la mythologie grecque, à la tête et au buste de femme, et au corps de lion ailé. Les têtes sont manquantes, pour le moment du moins... C'est un monument absolument unique qui date de la fin du IVème siècle avant J.-C., entre 325-300.

         Il va de soi que, depuis ces derniers jours, ce lieu est sévèrement gardé par la police, et que personne n'y a accès, exception faite du Premier Ministre Samaras qui s'y est rendu  il y a une huitaine de jours, accompagné de journalistes, d'où ces quelques photos parues dans la presse. Un telle trouvaille est forcément  aussi un événement politique, en particulier quand cela a lieu en Macédoine et se rapporte à l'époque d'Alexandre Le Grand ou à l'immédiat après : Alexandre meurt en -323. En outre, cette découverte majeure dont la presse internationale  s'est fait l'écho vient flatter l'orgueil national qui en a pris des coups ces quatre dernières années... Et les politiques y vont allègrement de leur couplet.

      

    De qui est-ce le tombeau ?

      

           Selon les media, la tombe devrait révéler ses secrets dans 15-30 jours, mais les archéologues leur ont demandé de garder la mesure : si le temps médiatique est dans l'instant et le sensationnel, celui de l'archéologie est lent. Les travaux délicats de déblaiement et de déplacement des pierres afin de dégager ce premier accès à la porte du tombeau lui-même peuvent être longs, d'autant que tout doit être passé au crible et que,  de plus, faute de crédits, les archéologues ne disposent pas, par exemple,  de micro-caméras dernier cri...

        Espérons qu'un certain nombre d'éléments permettront de connaître l'identité de celui, celle ou ceux pour lesquels ce tombeau a été édifié, ne serait-ce que pour un mettre un terme aux rumeurs entretenues par ceux qui l'identifient déjà comme étant le tombeau d'Alexandre Le Grand...

          La tombe d'Alexandre Le Grand n'a  pas été localisée à ce jour, en dépit de toutes les recherches faites sur terre et en mer. On pense communément qu'elle est à Alexandrie.

          Alors ? La tombe de Kasta ne serait-elle pas celle de Roxane la Bactrienne,  3ème épouse d'Alexandre qui, après la mort de son époux, se retrouva  à la cour de Macédoine et mourut assassinée avec son fils Alexandre IV à Amphipolis en -310 ? Peu probable vu les circonstances qu'on lui fît de tels honneurs ! Quant à Alexandre  IV leur fils posthume qui était destiné à succéder à son père, (beaucoup de prétendants, d'où l'assassinat),  il doit reposer auprès de son grand-père Philippe à Aegeai, l'actuelle Vergina.  Evidemment, si on trouvait les restes d'un éphèbe ! Mais rien  ne dit que la tombe n'a pas été profanée et pillée à l'époque romaine...

           Alors  de qui ??? Restent les compagnons d'Alexandre, stratèges et navarques qui revinrent en Macédoine à partir de -320,  avec une grande fortune :  le tombeau  de Niarchos, le chef de l'expédition maritime, ou d'un autre dignitaire de cette expédition, ou de plusieurs ?

            Une certitude bien prouvée elle par les dernières fouilles, le monumental  Lion d'Amphipolis se dressait, tel un gardien funéraire, sur le sommet du tertre, et non à son emplacement actuel : ce sera l'objet d'un autre article...

        Petit clin d'œil aux neo-hellénistes avec l'extrait ci-dessous qui confirme ce que j'ai écrit plus haut sur l'emballement politico-médiatique : Kathimerini 19.08.2014 (photo idem)

        Η ταυτότητα του νεκρού που ετάφη σ’ αυτό το εντυπωσιακό μνημείο, μέχρι να εξακριβωθεί, έχει αφήσει τη φαντασία πολλών αχαλίνωτη. Πολλοί ιστορικοί και αρχαιολόγοι συγκλίνουν ότι ίσως κρύβει τον Νέαρχο από την Κρήτη, τον Λαομέδοντα ή τον Ανδροσθένη, τριήραρχος και καλός γεωγράφος. Η επίσκεψη του πρωθυπουργικού ζεύγους και γενικότερα η ιδιοσυγκρασία μας, πυροδότησε τις τελευταίες ημέρες τις υπερβολές. Από προσδοκίες εθνικού μεγαλείου μέχρι αμφιλεγόμενες πληροφορίες. Κάπου εδώ χρειαζόμαστε το μέτρο.

     

    Amphipolis : de qui est-ce le tombeau ?

    Curieusement, sauf erreur de ma part, la presse française n'a pas encore fait mention de cette découverte de poids.

    M.R.

     

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    La Victoire de Samothrace

       

        Depuis le début juillet, la Victoire de Samothrace est de retour en haut de l'escalier Daru (accès par la porte Denon) : elle n'avait pas été restaurée depuis 1884, date de sa présentation en ce lieu et avait bien besoin d'être débarrassée de la grisaille du temps.

       Elle nous apparaît maintenant dans toute sa splendeur : qu'il est saisissant en effet le contraste entre le marbre blanc de Paros dans lequel la Victoire a été sculptée et le marbre rhodien gris veiné (Lardos)  de la proue du navire sur laquelle la déesse ailée est dressée, ou plus exactement sur laquelle Nikê, la messagère de la victoire vient se poser, dans un mouvement aérodynamique époustouflant, les vêtements collés au corps par le vent, emportés vers l'arrière mais également retroussés sur le côté gauche, laissant voir le sein et la jambe !

     

     La Victoire de Samothrace 

     Photos M.R. Août 2014

        Cet ensemble se trouvait dans le sanctuaire de Samothrace (nord de la mer Egée face à Alexandroupoli) où était célébré le culte des Grands Dieux et où se tenaient les cérémonies des Mystères. L’ensemble, situé en hauteur se reflétait dans un bassin. Nous n’avons aucun document antique sur ce monument dont on pênse communément qu’il commémore une victoire navale remportée par Rhodes à la charnière du 2ème siècle avant Jésus-Christ..

    En 1863, Charles Champoiseau, vice-consul à Andrinople (Turquie d’Europe, auj. Edirne) entreprit de  fouiller ce site et en avril de la même année il découvrit l'ensemble, en morceaux.

    Détails (historique de l'envoi à Paris et des différentes restaurations, y compris celle de 2014) sur le site (excellent) du Louvre qui lui est consacré.

    http://www.louvresamothrace.fr/fr/#/presentationoeuvre

    Ce type d'ensemble se trouve sur des monnaies, en particulier celles frappées par Démétrios Poliorcète.

     

    La Victoire de Samothrace

    Tetradrachme en argent (301-292 avt J.-C.), Cabinet des Médailles BNF.

     

    A ma connaissance, il n'y a pas d'autres monuments similaires, à l'exception de l'ensemble fort peu connu (et encore moins vu) que celui qui se trouve sur l'Agora de l'antique Cyrène* en Libye. Cette Victoire est en tous points semblables à cette de Samothrace : taille, composition, proue de navire de guerre, et même position en mouvement de la Nikê, privée celle-ci aussi de sa tête et de ses bras... Seule différence : un dauphin de chaque côté de la proue accompagne le navire. Espérons que cette Victoire (comme l'ensemble de ce site exceptionnel) échappera au chaos qui règne aujourd'hui en Libye...

     

    La Victoire de Samothrace

     Photo M.R. Mars 2005...


        *La Cyrénaïque se trouve à l'est de la Libye et commence là où s'achève le rivage désertique de Syrte. C'est un promontoire au relief accidenté : on dirait qu'il s'est détaché du Sud de la Crète dont il a toutes les caractéristiques (climat, végétation). C'est une région fertile qui contraste donc avec le désert libyen, tout proche. Cyrène a été fondée en 631 av J.-C. par un petit groupe de colons venus de Théra (Santorin) : Cyrène connaîtra un développement économique et culturel exceptionnel, et ce jusqu'au tremblement de terre de 365 de notre ère.

     

     

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  • Paru dans lr quotidien Ελευθεροτυπία / Presse libre du samedi 2 août 2014

    Kostas Koufogiorgos / Κώστας Κουφογιώργος

    Le monde, comme il ne va pas...

    L'homme : Que fait le monde civilisé pour Gaza, l'Ukraine, la Syrie et la Libye qui brûlent ?

    La femme : Il rôtit au soleil pour montrer qu'il est à leurs côtés.

    M.R.

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