• 25 mars 2015 Fête Nationale Grecque

        Aujourd'hui, 25 mars, les Grecs commémorent le début de la Guerre d'Indépendance contre les Turcs, qu'ils appellent Révolution Nationale / Εθνική Επανάσταση.

          A cette occasion, Barack Obama a, selon la tradition,  adressé au peuple grec un message chaleureux de soutien dont cette phrase : "nos deux peuples sont les héritiers de durs combats pour la liberté et pour la justice." Message Obama (en grec)

         La date du 25 mars 1821 est considérée comme marquant le début de l’insurrection grecque contre l’empire Ottoman : en réalité, le soulèvement contre les Turcs avait d’ores et déjà commencé : le 18 mars 1821, après la libération de Kalamata (Messénie, Péloponnèse), Theodoros Kolokotronis et Petrobeïs Mavrromichalis avaient signé la première déclaration révolutionnaire, par laquelle ils déclaraient ouvert le combat pour la libération de la Grèce.

          C'est ce jour-là que, selon la tradition, l’archevêque Germanos de Palea Patras (Péloponnèse) proclama la guerre de Libération Nationale, après avoir béni l’étendard grec. Tradition erronée, puisque d'après ses propres Mémoires, il se trouvait près du Mont Athos, ce jour-là.

          Néanmoins, c’est cette date qui a été officialisée, à l'époque du premier Roi de Grèce, Othon de Bavière, de par sa forte portée symbolique : en effet, le 25 mars est aussi la date de l’Annonciation à la Vierge* : annonce d’un temps nouveau, d’un Sauveur, de la Résurrection. Quant au terme de Révolution / Επανάσταση, une fois le royaume de Grèce installé, il est honni et il sera peu à peu mis de côté (la Révolution française est encore toute proche), et on parlera de la renaissance de la Nation, la Palingénésie / Παλιγγενεσία, le rétablissement de   l'Empire Byzantin ... Il est vrai aussi que pendant les 4 siècles de la Turcocratie, l’Eglise Orthodoxe avait su maintenir et entretenir chez tous les Grecs la conscience de leur Grécité : les popes participèrent  au soulèvement populaire, et ce dès le début. 

       Cette guerre va durer 9 ans : c’est une période très complexe, dont on ne donnera ici que la trame.

         Elle commence par des guérillas menées par des chefs de guerre populaires. Premiers succès en 1821 et 1822 , car les potentats locaux et le pouvoir central, la Sublime Porte,  ont été pris de court. Bien vite le sultan Mahmoud II se reprend et fait appel à son vassal Egyptien Mehmet Ali qui met à sa disposition une armée et une flotte formée par des spécialistes français rescapés de l'’expédition de Bonaparte en Egypte .....

       La situation devient catastrophique et ce, d'autant plus que  les dissensions internes ( soldats paysans contre notables citadins et politiciens, insulaires contre terriens, chefs de clan entre eux etc.) dégénèrent en de véritables guerres civiles. C'est néanmoins dans ces années que se tiennent les deux premières Assemblées Constituantes (Epidaure et Astros) qui posent les fondements d'un Etat Grec Démocratique, selon les principes hérités de l'Antiquité grecque, des Lumières, des Pères Fondateurs de la nation américaine et de la Révolution Française.

    En 1826-27, la Révolution Nationale est donc sur le point de s’effondrer ...

        C’est alors qu’interviennent les dites Grandes Puissances : France, Angleterre, Russie, dont on se doute bien qu’elles ne vont pas offrir une aide désintéressée ... Et, une fois la flotte turco-égyptienne  d'Ibrahim Pacha écrasée à Navarin le 20 octobre 1827, elles pourront dicter leurs conditions.

        Par le Traité de Londres, la Grèce, dans des limites géographiques très restreintes (les Grandes Puissances ne veulent pas d'un Etat fort) devient autonome en échange d'un impôt annuel à la Sublime Porte, et un Gouverneur est nommé : Kapodistrias. Le sultan néanmoins résiste avant d'accepter l'indépendance de la Grèce début 1830 à la conférence de Londres. La Grèce dont il s'agit est celle qui est située au dessous le ligne Volos-Arta - sans la Thessalie par conséquent - et incluant Attique, Péloponnèse et Cyclades. Elle doit bien sûr indemniser le sultan qui voit son Empire amputé

         Après l'assassinat de Kapodistrias à Nauplie en 1931, assassinat commis par le clan Mavromichalis, avec en sous-main des agents français et anglais,  les Grandes Puissances imposeront à la Grèce son régime, c’est-à-dire le leur, une monarchie, et elles lui choisiront un roi, un jeune étranger de 18 ans, Othon de Bavière.    

        Ce dernier sera chassé en 1862, et remplacé, avec l’aval des Grandes Puissances bien entendu, par un prince du Danemark, qui prendra le nom de Georges 1er. Le 3 septembre 1843, Othon avait été contraint, lors d'une "mini-révolution" d'accepter de promulguer, enfin, une Constitution.     

       Mis à part le court épisode de la République de Venizélos de 1924 à 1936, les descendants de Georges 1er règneront sur la Grèce jusque l’abolition de la Monarchie par les Colonels en 1973, un an avant leur chute.

    * En grec : Ευαγγελισμός /Evangelismos : bonne nouvelle apportée par l’Ange / Angelos qui signifie Messager.    

    **Les frontières de la Grèce actuelle ne datent que de 1947-48 avec le rattachement définitif du Dodécanèse à l’Etat grec. Pour mémoire, les îles Ioniennes sont "données" par l'Angleterre au nouvel Etat en 1864, la Thessalie devient grecque en 1881, la Macédoine, la Crète et la Thrace occidentale en 1913 et la Thrace orientale en 1920.

        L’état hellénique est donc un état relativement jeune qui n’a, pour ainsi dire, connu de sa naissance jusqu’à la chute de la dictature en 1974 qu’une succession de troubles, de guerres, et d'ingérences (pour son soi-disant bien...) Une réalité à prendre en compte pour « lire » la Grèce d’aujourd’hui ?...

        Pour en savoir plus, en français : à ma connaissance, rien de récent...

    *************

    Et déjà...

    Dessin Anastasios dans Avyi 23.03.2015 

    25 mars 2015  Fête Nationale Grecque

    Panneau de direction : Congrès de la Sainte Alliance à Laybach (Slovénie actuelle) fin février-début mars 1821

    Voix venant de la gauche : "Non à la Révolution ! Liberté interdit !"

    Vois venant de la droite : "Basta, Metternich" , le Merkel-Schaüble de l'époque, si je puis dire...

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