• 28 octobre : Fête Nationale / Εθνική Εορτή

     NON / ΤΟ ΟΧΙ

       Le 28 octobre 1940, Mussolini envoie un ultimatum au gouvernement grec, lui intimant l'ordre de laisser l’armée italienne passer en Grèce - depuis mai 1939 elle a pris pied dans le royaume d’Albanie - et en occuper les points stratégiques, sinon, il attaque immédiatement. Alors que les militaires de son entourage penchaient pour le OUI, le dictateur (et général) Metaxas répond : NON.

      Paradoxalement, le premier résistant grec au fascisme

    sera donc le dictateur Metaxas !

    Reprise de l'article publié l'an passé...  Il y a à travers tout le pays de nombreux Musées de la Résistance Nationale. Il y a quelques jours, un nouveau Musée a ouvert ses portes dans la Municipalité de  Nikaia - Aghiou Ioannou Rendi (Pirée,  185-187 rue PanagiTsaldari)

    Petits rappels historiques :

         L’histoire de la Grèce moderne est d’autant plus complexe que, depuis la création du Royaume de Grèce en 1831, avec comme premier monarque, Othon de Bavière, elle n’a guère pu prendre son destin en main, mais elle a dû compter avec les « Grandes Puissances » Angleterre, France, Russie, qui l’avaient aidée dans la guerre d’Indépendance contre les Turcs Ottomans et ont, de ce fait, estimé avoir un droit de regard sur ses choix de politique extérieure et intérieure, notamment la Grande-Bretagne, obsédée par ses intérêts en Méditerranée orientale. Ce sont d'ailleurs ces Grandes Puissances qui ont décidé de la forme du régime et ont choisi le roi : ce fut d'abord Léopold qui préféra devenir le roi des Belges - sa demande d'inclure la Crète dans le nouveau Royaume ayant été refusée. La Grèce devint donc "bavaroise"...

       A partir de 1870, par les mariages avec la parentèle de l'empereur Guillaume 1er, les souverains grecs sont très proches de l'Allemagne. La plupart des officiers grecs y sont formés : le général Metaxas (1871–1941) après s’être distingué lors des guerres balkaniques de 1897 contre les Ottomans, partira parfaire sa formation à l’Académie militaire de Berlin.

       En 1935, le parti royaliste, succédant aux libéraux vénizélistes, abolit la 1ère  République qui avait été proclamée en 1924 par Eleftherios Vénizélos, (1864-1936) et après un plébiscite notoirement truqué, il fait revenir le roi Georges II de son exil londonien. La situation politique étant quelque peu confuse, le roi fait appel au général Metaxas (1871 – 1941). Ce dernier, pour « restaurer l’ordre » à la suite de nombreuses manifestations de masse en mai 36, met en place, le 4 août 1936, un régime dictatorial.

       Formé en Allemagne et grand admirateur des régimes fascistes, Metaxas cherche à faire la même chose en Grèce : enrôlement obligatoire de la jeunesse dans ses bataillons par exemple. Mais, le fascisme en tant que phénomène de masse, « ne prend pas » en Grèce et Metaxas n’a rien du tribun.. Il impose néanmoins un ordre politico-moral dont les principales victimes seront et les communistes et les rebetes, les musiciens des bas-fonds: arrestations massives, emprisonnements, tortures, exils dans de petites îles ou dans des camps disciplinaires.

    **************

       Si Metaxas se sent très proche des régimes fascistes de l’Axe, sa politique étrangère en revanche reste du côté des démocraties occidentales, car il redoute l’expansionisme mussolinien dans les Balkans et en Méditerranée. Il tente bien de moderniser l’armée, mais les fonds manquent ... La situation économique et financière de la Grèce n’ est en effet guère brillante : les intérêts de sa dette envers le Royaume-Uni l’accablent, et elle n'a pas encore réussi à surmonter tous les problèmes liés  à l’afflux massif des réfugiés d’Asie Mineure à partir de 1923.

       En septembre 1939, Metaxas avait donc choisi la neutralité, tout en ménageant Mussolini ... Par exemple : le 15 août 1940, en plein pélerinage de la Dormition de la Vierge à Tinos, un sous-marin italien coule le croiseur grec Elli, dans la rade de l’île. C’est inacceptable, Metaxas néanmoins fait le petit, et il n’y aura ni riposte, ni enquête ... 

     

       En octobre 1940, Mussolini, sûr de son fait, persuadé que la Grèce se soumettra,

     se lance donc dans l’aventure,

    sans prévenir Hitler, furieux de cette initiative de fier-à-bras ...

      

        La campagne d’Albanie sera un calvaire pour les deux armées. Les Italiens qui ne voyaient dans cette attaque qu'une simple formalité, ne pourront même pas profiter de leur supériorité militaire , mais ils vont être pris au dépourvu, tant  par l’engagement total des Grecs, que par les conditions climatiques, le relief et le manque de routes :  en face d’eux une armée certes déguenillée, sans matériel (l’aide britannique n’arrivera jamais ), mais au moral d’acier, une armée qui, sans soutien aucun, non seulement arrête l’avancée italienne, mais remporte des victoires et occupe le sud de l’Albanie, encore appelée Epire du Nord, territoire à population grecque majoritaire, qui appartenait aux Grecs jusque 1921.

    **************

       « La Grèce a été en 1941 le premier pays victorieux d’un des membres de l’axe mais, faute de plan d’attaque et de matériel, elle n’a pu exploiter sa victoire. »* Les Allemands viennent à la rescousse de leur allié italien et l’armée grecque ne pourra soutenir les attaques de l’armée allemande, autrement équipée et autrement motivée que l’armée italienne. Le 23 avril 1941, la Grèce capitule.

       J oëlle Dalègre La Grèce depuis 1940 Editions L'Harmattan 2006. Indispensable !

       Les Grecs feront de cette campagne une épopée : la population entière est suspendue aux nouvelles du front, les théâtres musicaux et autres théâtres montent des revues militaires, partout on chante des chansons patriotiques ou satiriques qui malmènent à souhait le Duce. Les grands noms de la chanson mettent leur talent au service de la patrie en danger : on enregistre, on diffuse tous azimuth. Une chanteuse se distingue en particulier : Sofia Vembo (1910-1978), la Voix de la Victoire !

       Le poète Odysseas Elytis (1911-1996) est au front puis, atteint, comme beaucoup d'autres soldats, par le typhus, il ne pourra aller au bout de la campagne. Cf le poème Chant héroïque et funèbre pour le sous-lieutenant mort en Albanie / Άσμα ηρωικό και πένθιμο για τον χαμένο ανθυπολοχαγό της Αλβανίας (1945) et cf aussi, la 1ère Lecture dans To Axion Esti / Το Άξιον εστί.

     

     **************

    Ci-dessous, Sofia Vembo (1910-1978) chante Enfants de la Grèce / Παιδιά, της Ελλάδος παιδιά 

    Paroles : Mimis Traïphoros. Musique : Michalis Sougioul  

     

    Video : George Revithis

      

     Μεσ’ τους δρόμους τριγυρνάνε
    οι μανάδες και κοιτάνε
    ν’ αντικρίσουνε,
    τα παιδιά τους π’ ορκιστήκαν
    στο σταθμό όταν χωριστήκαν
    να νικήσουνε.

    Μα για `κείνους που `χουν φύγει
    και η δόξα τους τυλίγει,
    ας χαιρόμαστε,
    και ποτέ καμιά ας μη κλάψει,
    κάθε πόνο της ας κάψει,
    κι ας ευχόμαστε:

    Παιδιά, της Ελλάδος παιδιά,
    που σκληρά πολεμάτε πάνω στα βουνά,
    παιδιά στη γλυκιά Παναγιά
    προσευχόμαστε όλες να `ρθετε ξανά.

    Λέω σ’ όσες αγαπούνε
    και για κάποιον ξενυχτούνε
    και στενάζουνε,
    πως η πίκρα κι η τρεμούλα
    σε μια τίμια Ελληνοπούλα,
    δεν ταιριάζουνε.

    Ελληνίδες του Ζαλόγγου
    και της πόλης και του λόγγου
    και Πλακιώτισσες,
    όσο κι αν πικρά πονούμε
    υπερήφανα ας πούμε
    σαν Σουλιώτισσες.

    Παιδιά, της Ελλάδος παιδιά,
    που σκληρά πολεμάτε πάνω στα βουνά,
    παιδιά στη γλυκιά Παναγιά
    προσευχόμαστε όλες να `ρθετε ξανά.

    Με της νίκης τα κλαδιά,
    σας προσμένουμε παιδιά

     

    Si quelqu'un (e) veut bien traduire ! Je manque de temps ...

     **************

    Avec encore la voix de Sofia Vembo, une chanson satirique :

    Le Duce met son uniforme /  Βάζει ο  Δούτσε τη στολή του

     

     

    Βάζει ο Ντούτσε τη στολή του
    και τη σκούφια την ψηλή του,
    μ’ όλα τα φτερά,
    και μια νύχτα με φεγγάρι
    την Ελλάδα πάει να πάρει,
    βρε, το φουκαρά!

    Ωωωωωωωωωωωωωχ.

    Τον τσολιά μας τον λεβέντη
    βρίσκει στα βουνά
    και ταράζει τον αφέντη
    τον μακαρονά.

    Αχ, Τσιάνο, θα τρελαθώ Τσιάνο,
    με τους τσολιάδες ποιος μου είπε να τα βάνω.

    Αααααααααααααχ.

    Ξεκινάει την άλλη μέρα,
    μα και πάλι ακούει "Αέρα"
    από τον τσολιά,
    δρόμο παίρνει και δρομάκι
    και πηδάει το ποταμάκι,
    ξέρει τη δουλειά.

    Ωωωωωωωωωωωωωχ.

    Τρώει τις σφαίρες σαν χαλάζι από τον τσολιά,
    κι όλο στρατηγούς αλλάζει για να βρει δουλειά.

    Αχ, Τσιάνο, θα τρελαθώ Τσιάνο,
    και στείλε γρήγορα τα μαύρα μου να βάνω.

    Αααααααααααααχ.

    Στέλνει ο νέος Ναπολέων
    μεραρχίες πειναλέων
    στο βουνό ψηλά,
    για να βρουν τον διάβολό τους
    κι ο στρατός μας αιχμαλώτους
    τσούρμο κουβαλά.

    Ωωωωωωωωωωωωωχ.

    Και οι Κένταυροι οι καημένοι,
    βρε τι τρομερό,
    νηστικοί, ξελιγωμένοι
    πέφτουν στο νερό.

    Αχ! Γκράτσι, να μη σε δω Γκράτσι,
    γιατί σε κάρβουνα αναμμένα έχω κάτσει.

    Αααααααααααααχ.

    Τρέχουν σαν τρελοί στους βράχους
    κι από μας και τους συμμάχους
    τρώνε τη κλωτσιά,
    και χωρίς πολλές κουβέντες
    μπήκαν Έλληνες λεβέντες
    μεσ’ τη Κορυτσά.

    Ωωωωωωωωωωωωωχ.

    Μέσα στ’ Αργυρόκαστρο εμπήκε το χακί
    και σημαία κυματίζει τώρα Ελληνική,
    Αχ! Τσιάνο, θα σκοτωθώ Τσιάνο,
    γιατί σε λίγο και τα Τίρανα τα χάνω.

    Και `πάθαν οι καημένοι
    μεγάλη συμφορά,
    κι η Ρώμη περιμένει
    κι εκείνη τη σειρά.

    Αααααααααααααχ.

     

    Paroles : Georgos Thisvios. Musique : Theophrastos Sakellaridis

    Si quelqu'un (e) peut traduire...

        Grazzi auquel s'adresse le Duce dans la chanson était l'ambassadeur italien à Athènes : le 28 octobre à 3h du matin, il fait réveiller  Metaxas et lui remet l'ultimatum, lequel doit recevoir une réponse avant 6h de ce même matin : ou la Grèce laisse l'armée italienne entrer sur le territoire ou l'armée  envahit le pays. La réponse de Metaxas est immédiate, et en français : "Alors, c'est la guerre".

        Ciano : gendre de Mussolini et personnalité importante du régime, c'est lui qui poussa Mussolini à envahir l'Albanie. Le Duce le considéra par la suite comme le responsable de la défaite et en 1943 le démit de ses fonctions. Il fut exécuté en 1944.

    M.R.

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  • Commentaires

    1
    FAB
    Mardi 28 Octobre 2014 à 09:48
    Super intéressant , bonne fête aux Grecs!
    C'est là que Churchill a dit qu'ils s'étaient battus comme des héros ? ( enfin, il avait tourne sa phrase autrement...)
      • Mercredi 28 Octobre 2015 à 07:45

        C'est possible, mais Churchill et moi...

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    2
    Mardi 27 Octobre 2015 à 22:40

    Un roman-chronique sur la guerre d'Albanie, émouvant: Γιάννης Μπεράτης, Το πλατύ ποτάμι.

      • Mercredi 28 Octobre 2015 à 07:47

        Merci beaucoup : je ne connais pas et vais chercher !

    3
    Mercredi 28 Octobre 2015 à 07:55
    4
    thaletas
    Mercredi 28 Octobre 2015 à 14:46
    Churchill: "Désormais on ne dira pas que les grecs ont combattu comme des héros mais que les héros ont combattu comme des grecs".
    5
    Mercredi 28 Octobre 2015 à 17:23

    Merci Thalétas pour la citation exacte !

      • Mercredi 28 Octobre 2015 à 18:31

        Mon plaisir!

    6
    Fab
    Mercredi 28 Octobre 2015 à 22:03

    Merci , Mr Thaletas de remettre les choses dans l'ordre !

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