• Accord (forcé) pour un 3ème Mémorandum

    Grecs, la question de votre dette est politique !

    ... en revanche, celle de votre démocratie est économique !

     

          Tout est dit de la mauvaise foi et de l'argumentation tordue des "partenaires" dans ce dessin d'Anastassiou paru dans Avgi du 17.07.2015.

           L'accord arraché à Tsipras, sous peine de "grexit" est d'une violence et brutalité sans précédent. Et bien sûr, c'est sa faute : les dits "partenaires" se seraient sentis "trahis" par la décision du recours au référendum. Ils ont beau jeu de dire à posteriori que l'on était à deux doigts d'un accord, plus favorable à Athènes... Cela ne se fait plus de demander l'avis des peuples dans l'Europe bruxelloise. Il est bon de rappeler le non français au Traité européen devenu oui par le vote parlementaire, et l'Irlande obligée d'effacer le non dans un second référendum. Demander l'avis, à condition qu'il soit conforme. Junker n'avait pas hésité  à intervenir dans la campagne électorale grecque de janvier, affirmant, entre autres, qu'il espérait revoir à Bruxelles "des visages connus"... Il n'a pas hésité non plus à soutenir le "oui" au référendum...

          Ce qui est sidérant, c'est qu'il est évident que les deux mémorandums précédents ont échoué : le FMI le dit, la Troïka a reconnu ses erreurs. La dette augmente depuis 2010, le chômage des jeunes notamment galope, le marasme économique croît, les Grecs sont économiquement, financièrement, psychologiquement épuisés, mais on continue avec la même recette, un 3ème memorandum qui risque fort de n'avoir d'autre effet que celui de prolonger  l'agonie. Après cinq ans d'efforts, un redressement est-il encore possible dans ces conditions ?

          Certes, des réformes  de fond sont nécessaires et indispensables, les Grecs le savent : encore faut-il qu'il y ait adhésion de leur part. Vu les conditions dans lesquels l'accord s'est fait, vu le peu de considération des instances européennes pour leur Premier Ministre ( qui a gagné les élections le 25 janvier et a été largement approuvé lors du référendum, du 5 juillet), vu les humiliations diverses reprises par la presse étrangère de façon quasi générale,* auront-ils encore un peu de courage et d'endurance ?...

    *Tellement facile d'avoir un mouton noir, cela évite de se regarder...

           Cette mise sous curatelle, ou coup de force, signe la faillite morale de Europe, en tant que porteuse de Valeurs - du moins le croyait-on qu'elle portait des Valeurs, et nous l'a-t-on fait croire...

            L'Histoire jugera, et espérons qu'un nouveau Thucydide écrira cette Histoire, si tant est qu'il y ait encore des livres et des lecteurs... En attendant, le couple Merkel-Schaüble ferait bien de lire les articles du philosophe allemand Habermas...

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 19 Juillet 2015 à 20:50

    Le 3e mémorandum est le fruit de la gestion désastreuse de SYRIZA-ANEL depuis qu'ils ont formé leur gouvernement de gauche-droite; il n'était pas inéluctable. Depuis janvier tout ce qu'a fait le gouvernement n'a fait qu'empirer la situation économique. Personne n'a obligé Tsipras d'annoncer un référendum deux jours avant la fin du programme d'aide. Qu'espérait-il? Faire peur aux européens? Et, puisque on parle beaucoup de volonté du peuple bafouée: et si les 18 autres gouvernements annonçaient des référendums sur la question grecque? Quelle serait la volonté des peuples? Et si les gouvernements ne respectaient pas un éventuel NON de leurs peuples et donnaient malgré tout des prêts à la Grèce, ce NON n'aurait-il pas lui aussi été bafoué?

    Le programme éléctoral de Thessalonique était une longue liste de promesses vides. On promet tout, votez pour nous! Dès le début les commentateurs demandaient au SYRIZA "où allez-vous trouver l'argent pour tout ça?", et ils répondaient toujours avec des formules creuses et en accusant les plus réalistes d'être des soumis de l'Allemagne, des vendus, des traîtres, des collabos (des "γερμανοτσολιάδες"). Arrivés au pouvoir, ils ont passé 5 mois à tromper tout le monde et surtout le public grec, en le nourrissant de mensonges et de narcissisme national, et le ministre des Finances Varoufakis à donner plus d'interviews aux médias que les stars de Hollywood. A chaque fois ils disaient qu'ils vont signer un accord et ensuite rien.

    Quand on doit de l'argent on tient un profil plus bas, on travaille dur, on se remet en ordre, on donne des preuves qu'on peut se gagner sa vie, et ensuite on se présente face à son créancier pour lui proposer un allégement de sa dette. Sinon on risque de sombrer dans le ridicule et d'essuyer les plus grandes humiliations, faute d'avoir une vision claire du rapport des forces.

    Les grecs savent que des réformes profondes sont nécessaires? J'en doute fortement! Inondés du populisme le plus crasseux, populisme de gauche et de droite, ils ne savent que protester contre tous sauf contre eux-mêmes et leurs propres erreurs et insuffisances. Ces vieux politiciens qu'ils accusent tout le temps, ce sont eux qui les ont portés au pouvoir pendant 30 ans, tant qu'un peu de l'argent européen bouffé par l'élite arrivait quand même jusqu'au menu peuple. Et une bonne partie d'entre eux se fiche bien des "valeurs européennes" (terme de toute façon assez discutable, s'agissant d'intérêts économiques...). Plusieurs (pas tous évidemment) sont prêts à applaudir n'importe qui leur donnerait un peu d'argent, que ce soit Poutine ou Xi Jinping ou Maduro ou Castro ou n'importe qui. Sauf qu'il n'y a rien à attendre de ce côté-là, et donc ils se rabattent sur l'Europe ou plutôt sur les coffres européens. Eh bien, quand on est mendiant on ne crache pas sur la main de l'aumônier, c'est élémentaire, mon cher Watson, sinon on est fouetté.

    Je ne nie pas le côté borné et les mesures catastrophiques des premiers plans et de celui-ci aussi. Mais si la troïka est à blâmer, la Grèce est à blâmer encore plus. Les discours mélodramatiques ne servent qu'à l'auto-justification d'un peuple qui devrait se regarder froidement au mirroir, ce qui n'est pas le cas. Et SyrizAnel est le plus faux mirroir qui s'est proposé à lui, le plus mensonger, le plus incompétent et le plus démagogique.

    Tout ceci dit, la dernière crise a dévoilé plus que jamais la crise de la zone euro, a mis à la lumière de la façon la plus crue jusqu'à présent l'hégémonie et l'arrogance allemandes, et plus profondément "le fantôme dans la machine" de l'euro et de l'UE. En même temps, le référendum désastreux, qui a déjà coûté quelques dizaines de milliards d'euros à l'économie grecque déjà malade, a mis fin à la démagogie effrénée du Syriza. Ουδέν κακόν αμιγές καλού!...

    2
    Dimanche 19 Juillet 2015 à 22:11

    Merci pour ton commentaire, que j'attendais...Bien sûr !

    Je n'ai pas tout à fait la même vision que toi pour ce qui est de la politique menée par l'Eurogroup et les chefs européens. Une hostilité de principe, une guerre d'usure qu'ils ont bien entretenue pour faire plier etc Climat et jeu malsains et partisans. Certes Varoufakis en a énervé plus d'un : que se passait-il exactement ? Les medias ont largement contribué à cette guéguerre, à défaut de pouvoir faire des analyses sérieuses, considérant sans doute avec beaucoup de condescendance et de mépris que les lecteurs veulent du "people" et rien d'autre. En ce qui  concerne V, j'aurais souhaité qu'on ne l'entende plus et qu'il se taise...

    D'accord avec toi sur le clientélisme, véritable gangrène. Il marche parce qu'il y a des clients qui en bénéficient et en deviennent complices. Cercle infernal des "fakelakia" considérés comme étant une fatalité, et peu de voix s'élèvent pour dire : non ! Politiciens véreux réélus par indifférence pour la "chose publique" et les gouvernants indifférents au "bien public". Les "maux grecs", je ne les connaît que trop... et le laxisme des autorités comme celui des individus m'horripile : l'état d'Athènes avec les tags partout, la saleté, les ordures etc.

    Se regarder dans le miroir : c'est l'autre que l'on regarde, ou c'est le narcissisme béat et bêta des selfies. Et ce n'est pas ce qui s'est passé dans les dernières négociations qui va aider les Grecs à faire cette introspection collective, hélas. Qui peut les aider ?

    Réformes : je peux te dire qu'en France aussi, il en faudrait des réformes... Chacun tient à ses avantages acquis, même s'ils ne sont plus de raison d'être. Cumul etc etc Mais, à la moindre velléité de changement, "ça" gueule. Les 2 premiers mémorandums : les Grecs les avaient finalement assez bien "encaissé" comme s'ils étaient sonnés... Trop bien, peut-être...

    Promesses électorales, nihil novi sub sole... Que n'a promis Hollande, et Sarkozy avant lui ! Les prédécesseurs de Tsipras en ont fait autant. Tsipras, pire que les autres ? 

    Il n'en reste pas moins que, selon moi, depuis 5 ans que ça dure, l'Europe n'a pas été à la hauteur. et les politiques grecs, non plus.

    Bonne soirée ! Ici, il pleut...

     

     

     

    3
    Lundi 20 Juillet 2015 à 01:09

    Voici enfin un homme sérieux dans le Syriza, qui a démissioné le soir même de l'annonce du référendum catastrophique. Ils s'agit de Dimitris HristopoulosTexte en grec (Enthemata)

    Le référendum du 5 juillet 2015 prend déjà sa place parmi les erreurs les plus colossales de l'histoire de la gauche grecque.

    4
    Lundi 20 Juillet 2015 à 01:41

    Et voici les résultats catastrophiques de la gestion de SyrizAnel depuis février 2015 sur les données économiques (dette, croissance) (texte grec):

    http://www.kathimerini.gr/824257/article/epikairothta/politikh/mesa-se-pente-mhnes-xa8hkan-ola

    5
    Lundi 20 Juillet 2015 à 09:38

    Merci pour le texte de Hristopoulos que je vais lire. Référendum, j'étais à Mytilène : ce choix m'avait laissée bien perplexe... Pour ce qui est de la gestion européenne de la crise grecque, je reste sur ma position : elle n'a fait qu'aggraver la situation.

    Bonne journée, Thalétas : ici, il continue à pleuvoir, et chez vous, alerte incendies maximale...

    6
    cazeneuve
    Lundi 20 Juillet 2015 à 13:17

    Bonjour

    Après lecture de ces échanges, je préfère ne pas faire dans la polémique, avec ni Thalétas, ni avec Philellene, je me contente de me désabonner du blog Philellene, et de continuer à lire celui de Panagiotis Gregoriou. Certes sa bible n'est pas Kathimerini, mais bon, je ne m'en plains pas.

    Et les Grecs miséreux et exploités par les bons européens (comment déjà ?) continueront à quitter la Grèce, comme l'ont fait mes grands-parents...

    Bonne continuation

    7
    Lundi 20 Juillet 2015 à 18:36

    Aucune raison de polémiquer : j'ai écrit un article avec des points de vue que Thalétas ne partage pas, j'y ai répondu. Cet accord, forcé et au forceps est un accord punitif et non constructif. Cf article de Daniel Cohen dans Le Monde, daté de mardi 20.07.

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    8
    cazeneuve
    Lundi 20 Juillet 2015 à 18:58

    Ce sera mon dernier message puisque je me suis désabonnée : 61% des grecs ont dit NON et ce choix ne m'a pas laissée perplexe, j'ai eu des larmes de joie et de respect. Je vous renvoie vers Panagiotis Gregoriou, un journal français ne connaît rien à la Grèce (que ce soit Le Monde ou un autre...)

     

     

     

    9
    Lundi 20 Juillet 2015 à 20:01

    Mon article et ma position sont clairs pourtant : il ne semble pas que je partage ce peu de considération ni ce mépris pour Tsipras et les Grecs en général. Les autres articles que j'ai pu écrire sur la "crise" en témoignent également. C'est me faire injure.

    "Vu les conditions dans lesquels l'accord s'est fait, vu le peu de considération des instances européennes pour leur Premier Ministre ( qui a gagné les élections le 25 janvier et a été largement approuvé lors du référendum, du 5 juillet), vu les humiliations diverses reprises par la presse étrangère de façon quasi générale,* auront-ils encore un peu de courage et d'endurance ?... "

    Ce ne sont pas les résultats du référendum qui m'ont laissée perplexe, mais le choix de faire un référendum avec le délai d'une semaine seulement pour le mettre en place.

    Madeleine Riou. 

    10
    Lundi 20 Juillet 2015 à 20:42

    A 63 milliards d'euros remonte le coût pour l'économie grecque des neuf derniers mois, à cause de la baisse du PNB et de la baisse correspondante de la valeur des banques et de la Bourse d'Athènes, selon Reuters.

    http://www.naftemporiki.gr/finance/story/980596/reuters-o-baroufakis-itan-o-pio-akribos-upourgos-oikonomikon

    11
    Mardi 21 Juillet 2015 à 09:09

    Il est évident que ces derniers mois ont eu un coût, dans tous les domaines.  Là encore, la façon de mener les négociations y est pour quelque chose, avec ces Eurogroup totalement inefficaces et pas conçus pour ce genre de choses où chacun tire à hue et à dia. A situation inédite, il eût fallu trouver un nouveau cadre. Maintenant, c'est fait... et le sujet clos, du moins ici... Bonne journée !

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