• Alemania, Alemania...

        D'après le ministre grec délégué à la Marine (par intérim / υπηρεσιακός), il y aurait au moins 4 millions de migrants qui attendraient de passer de Turquie en Europe via les îles grecques les plus proches des côtes turques. Depuis le début de l'année, il y a eu environ 230.000 arrivées, dont 52.000 pour le seul mois de juillet.  50% de ces arrivées se font à Lesbos, 14% à Chios, 12% à Samos, 28% à Cos, et un peu moins à Léros, laquelle est une toute petite île. La situation à Lesbos est de plus en plus tendue, voire explosive depuis ces derniers jours...   

        A l'approche de l'hiver et des mauvaises conditions climatiques pour de petites embarcations, le 'flux" va s'intensifier, et beaucoup de ces migrants risquent de ne pouvoir  continuer leur route vers les pays du Nord, en particulier Suède et Allemagne... 

     

    Les données des autorités portuaires sont les suivantes  ; arrivants du 01.01.2015 au 23.08.2015

         En descendant le long des côtes turques de l'Asie Mineure

    Lesbos : 2014, 11.070 ; 2015, 94.134  (86.500 hab dans l'île dont 28.900 environ dans le port de Mytilène)

    Samos  : 2014, 7556   ; 2015, 25.596

    Patmos : 2014, 832     ; 2015, pas d'arrivant

    Léros    : 2014, 2590   ; 2015, 9098  (Petite île de 54 km2)

    Cos       : 2014, 1.344  ; 2015, 27.991

    Simi     : 2014, 932     ; 2015, 1.794

         Egée du nord, à la frontière des eaux territoriales, mais plus loin de la Turquie

    Samothrace : 2014, 391 ; 2015, 845

    Limnos         : 2014, 710 ; 2015, 492

       

    Dessin de Tasos Anastasios, Avgi 05.09.2015

    De l'Est vers l'Ouest...

         Les accords et règlements de Dublin concernant les demandes de droit d'asile ne tiennent plus dans la situation présente, lesquels accords protégeaient les pays du Nord de l'Europe et laissaient toute la responsabilité aux pays dans lesquels les migrants arrivent, soit Espagne, Italie, Grèce. Depuis plus d'un an pourtant ces pays ne pouvaient faire face, sans que rien ne bouge, ou si peu... Tout cela se passait au loin, de même que les exactions de l'Etat Islamique dont la puissance et l'avancée inexorable ne semblent pas avoir beaucoup inquiété :  les autorités bruxelloises, ont passé cinq mois  à humilier et punir la Grèce pour ses choix électoraux, sans se soucier de ce qui se passait à ses portes...

         Attentisme, et chacun pour soi : il a fallu qu'arrive une catastrophe, le naufrage de 800 migrants, pour que les consciences réagissent. Un peu...  En effet, lorsqu'il a été question, suite au naufrage, d'établir des "quotas" d'accueil de réfugiés pour chaque pays européen, ce ne furent que protestations, et il n'y eut aucun accord, cette proposition poussant Orban à accélérer la construction de son mur. Apparemment ce n'était pas encore assez pour que "ça" bouge, il fallait pire... Et pendant tout ce temps, les migrants continuaient à fuir leurs pays dévastés : des familles avec de jeunes enfants, épuisés de fatigue.

          Il a donc fallu un autre choc plus "renversant", la photo de l'enfant, déposé par la mer, sans vie, sur le rivage d'Halicarnasse-Bodrum, pour que les dirigeants européens  se décident à réagir, et agir, tard, toujours trop tard

          Dans cette affaire, c'est l'Allemagne, sous la houlette d'Angela Merkel, qui s'en sort le plus honorablement..., après un long silence, le silence qui a suivi les exactions néonazies à Heidenau et où finalement elle s'est décidée à se rendre. Il faut dire le vice-chancelier Gabriel, son probable rival en 2017, l'avait précédée de 48h et avait lancé un appel à la solidarité européenne... Elle ne pouvait ne pas réagir, ce qu'elle a fait, de façon claire, en passant par-dessus les accords de Dublin, un exploit ! Au cours de la conférence de presse du 31 août, elle a fait du Obama avec son "Wir schaffen das" (= Yes, we can" ). Elle en a profité pour faire l'éloge de l'Allemagne dans le style de la rhétorique antique, ce qui équivalait à ceci : "Pas de meilleure façon d'accueillir les migrants que de faire l'éloge du pays qui les accueille"*. Economie forte, marché du travail robuste etc ajoutant : "Nous pouvons être fiers de l'humanité qui marque notre Constitution" etc. L'Allemagne, telle qu'elle se rêve...

         La France est restée très à la traîne, avec beaucoup d'hésitations et d'atermoiements, sans parler des réticences (c'est un euphémisme) de la droite dite "classique" qui pense d'abord et avant tout plus aux échéances électorales à venir...

          L'Espagne ne brille pas non plus par ses offres.

          Quant au Royaume-Uni, après des propos de Cameron peu amènes sur les migrants "un essaim d'abeilles traversant la Méditerranée", le voici décidé, ou acculé plutôt à remplir ses "obligations morales", D'européennes, en revanche,  il n'estime guère en avoir, ou le moins possible et toujours à son avantage : Cameron  fera donc cavalier seul et fera venir des réfugiés (victimes de torture ou d'abus sexuels, personnes très âgées) des camps de Turquie, de Jordanie et du Liban.

          1.200.000  de réfugiés Syriens au  4 millions d'habitants,

          1.800.000 en Turquie

            630.000 en Jordanie, 250.000 en Irak, 132.000 en Egypte et 35.000 en Afrique du Nord. 

    * Rhétorique de la fameuse oraison funèbre de Périclès : "la meilleure façon de célébrer les citoyens morts à la guerre est de célèbrer la cité (Athènes) pour la défense de laquelle ils sont tombés au combat"       

        

     

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  • Commentaires

    1
    Thalétas
    Mercredi 9 Septembre 2015 à 10:46
    La grande question: quel est l'avenir du Croissant Fertile, quelles seront ses nouvelles frontières et quels les nouveaux États de la région, quelle politique est à soutenir, reste sans réponse. Accueillir tout le monde jusqu'à ce que tous ceux qui ont l'argent pour partir le fassent, ne me semble pas une politique digne de ce nom. Il ne s'agit nullement d'un problème européen, mais mondial. Je trouve ahurissant que l'ONU n'ait même pas fait l'effort de convoquer le Conseil de Sécurité, on a presque oublié que ce malheureux forum international existe.
    2
    Mercredi 9 Septembre 2015 à 15:31

    Malheureusement, les intérêts géostratégiques des Etats, leurs "équilibres" passent avant toute autre considération, même les plus triviales, à savoir que, les Syriens quittant leur pays, ce qui peut se comprendre, c'est "offrir" le pays à Daech... Et alors ?  Depuis 2-3 ans, il y a une inertie totale sidérante inversement proportionnelle à l' "agitation" actuelle, agitation compensatoire, et peu de réflexion.

    Bonne fin de journée !

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