-
La liberté ou... / Η ελευθερία ή...
Les symboles et figures de la Révolution de 1821 sont forcément une mine pour les caricaturistes : le drapeau grec, le combattant en fustanelle, les héros Kolokotronis et Karaiskakis entre autres, la devise La liberté ou la mort / Ελευθερία ή Θάνατος dont on dit que les neuf syllabes (en grec bien sûr !) correspondent aux neuf bandes bleues du drapeau grec.
Dessin de Marakos, Ethnos 26.03.2015
D'un côté, le "Grec 1821" avec le drapeau à la fameuse devise, et de l'autre Christine Lagarde "On ne vous a pas demandé d'abaisser le drapeau de votre lutte", "Juste un petit changement" : "Remboursement au FMI ou la mort"...
La littérature peut aussi être mise à contribution, en particulier les textes poétiques mis en musique, et donc largement connus, tout au moins par une partie du lectorat...
Dessin de Anastasios Avyi 27.03.2015
"Que tous ceux sur qui s'appesantit le bras d'airain de la peur, demeurent sous le joug de la servilité"
"Donc, vous, ça ne vous panique pas, le manque de liquidités dans les banques ?"
****************
Le chapeau de la caricature cite un "poème de lutte" de Kalvos, que Theodorakis a rendu très célèbre en le mettant en musique, lorsqu'il était en résidence surveillée, à Zatouna (centre du Péloponnèse) sous les colonels.
Andréas Kalvos (1792-1869) né dans l'île ionienne de Zakynthos (Zante) est quelque peu un "poète maudit", et son caractère difficile n'arrangera rien : après des études en Italie, il part en Angleterre, vient à Corfou qu'il quitte pour la France (Lettre à La Fayette après les massacres de Missolonghi), puis il se rend à Londres où il passera, presque inconnu, les huit dernières années de sa vie. Ses années de jeune homme sont marquées par son soutien à la cause de l'Indépendance : les îles Ioniennes ont connu diverses occupations (italienne, française, russe puis anglaise jusque 1864), mais jamais l'occupation ottomane, ce qui ne les a pas rendu insensibles au sort des Grecs du continent : bien au contraire !!!
"Il ne reste de l'œuvre de Kalvos que vingt Odes - redécouvertes par le poète Palamas en 1888 - écrites dans une langue "mixte", à la fois démotique, puriste et dialectale, où le rythme est l'élément décisif du lyrisme." D. Grandmont.
Ce poème a été magnifiquement mis en musique par Theodorakis, et se trouve dans l'album intitulé ARCADIA IV
Ci-dessous, enregistrement fait à Londres en 1971 : Maria Farandouri et Mikis Theodorakis.
Είς Σάμον A Samos
Όσοι το χάλκεον χέρι Que tous ceux sur qui s’appesantit
Βαρύ του φόβου αισθάνονται Le bras d’airain de la peur,
Ζυγόν δουλειάς ας έχωσι· Demeurent sous leur joug servile,
Θέλει αρετήν και τολμήν Car elle requiert force d’âme et témérité
Η ελευθερία La liberté
Αυτή (και ο μύθος κρύπτει C'est d'elle (et la légende cache
Νούν αληθείας) επτέρως Toujours sa part de vérité) qu'Icare
Τον Ίκαρον· και αν έπεσεν A pris ses ailes, et s’il a chuté
Ο πτερωθείς κι επνίγη Dieu ailé, et s’est englouti
Θαλασσωμένος Naufragé
Αφ’ υψηλά όμως έπεσε. C’est du zénith qu’il est tombé
Και απέθανεν ελεύθερος. – Et il est mort libre.-
Αν γένης σφάγιον άτιμον Mais si tu deviens la victime avilie
Ενός τυράννου, νόμιζε D’un tyran, dis-toi qu'il est
Φρικτόν τον τάφον. Terrible le tombeau.
Traduction de Domique Grandmont, avec quelques infidélités
37 poètes grecs de l'Indépendance à nos jours Ed. P-J Oswald 1972 Non réédité ni complété malheureusement...
Tags : 1821, kalvos, theodorakis
-
Commentaires
Highly recommend this article, I rate it 5 stars for your post. It actually what I'm thinking too. I hope that you will right more things like this topic because I love it. Thank you!