• Le lourd fardeau (de la dette)

        C'est forcément Sisyphe qui vient à l'esprit, Sisyphe, fondateur mythique et roi d'Ephyre - qui s'appela par la suite Corinthe -, et instaurateur des Jeux Isthmiques.

        La tradition lui attribue toutes sortes de crimes : voleur des grands chemins, il assassinait les voyageurs, il trahissait les secrets des Dieux, et comble d' hubris, il réussit même à tromper la mort en enchaînant Hadès le dieu des Enfers, et ce dernier ne pouvant plus de ce fait exercer sa fonction, le mode se remplit d'âmes estropiées, mutilées, un véritable enfer... Sur ordre de Zeus, Arès le dieu de la guerre vint délivrer le Maître des morts.

         Quand enfin, il ne lui fut plus possible d'échapper au trépas, il lui fut imposé, en punition de ses crimes, de rouler sur la pente d'une montagne un énorme rocher qui, une fois le sommet presque atteint, toujours retombait...  Il est très souvent représenté sur les vases grecs, et on le voit flanqué de Perséphone et d'Hadès qui le surveillent pour le cas où il arriverait une nouvelle fois à s'échapper.

    Ci-dessous, détail d'une amphore à figures noires datée de 510-500 av. J.-C. (Munich)

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    Y a t-il beaucoup de représentations de Sisyphe dans la peinture de la Renaissance et la peinture postérieure ?...

    Un très beau tableau du Titien (1490-1576) au Prado, daté de1548-49

     

    Le lourd fardeau

        De l'histoire de ce personnage tout compte fait pas très sympathique, on n'a retenu que le supplice éternel, et on y vit une représentation du tragique et/ou de l'absurde de l'existence humaine.

        Pour les Grecs anciens, ce mythe rappelait aux mortels qu'une rébellion contre les dieux et leur justice implacable était un égarement coupable qui ne pouvait qu'être puni.

    *******************

         Tout rapprochement avec l'actualité grecque n'est pas pure coïncidence !

         Depuis le début de la crise et des premiers mémorandums, et plus que jamais depuis les élections de janvier 2015 et la nomination d'AlexisTsipras, il y a une logique punitive chez les "partenaires" européens : les Grecs ont "fauté" (comptes "truqués" entre autres, secret de Polichinelle), ils doivent "payer".

         En allemand, la dette se dit die Schuld, terme qui signifie aussi la faute : tout un programme. Quant à oser remettre en question les mesures imposées, qui plus est, sans cravate... oser s'en prendre aux Divins Règlements de la Sainte Europe Germanique, incarnée par Mr Schaüble...

         Faute de pouvoir s'alléger un peu du lourd fardeau, et passer de l'autre côté de la montagne, les Grecs risquent fort dimanche prochain, d'être précipités dans le Tartare*.

          François Heisburg, conseiller spécial de la Fondation pour la recherche stratégique, disait ceci dans Le Monde du 07.07.2015 : ""Je crois que le fait de ne pas être entré dans une logique d'effacement de la dette était une erreur. L'origine de cette dette est partagée. Elle résulte pour moitié de l'imprudence de la Grèce durant la 1ère décennie de son appartenance à l'Union Européenne et, pour l'autre moitié, de l'imprudence, non moins folle, des banquiers allemands et français qui ont déversé sans hésiter des dizaines de milliards, transférés ensuite à la charge des contribuables."  Et Fr. Heisburg est loin d'être un gauchiste !

    * Par l'accord de Londres du 27 février 1953, l'Allemagne a bénéficié d'une annulation de 50% de sa dette, laquelle dette ne représentait qu'un quart du revenu national.  

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