Elle a eu lieu le 18 juin 2016, en fin de journée : ce soir-là, de l'Acropole du site,

il était possible de voir le coucher du soleil et le lever de la lune.

(Sur ce site, voir article blog ici ) 

* Vue générale de la salle A

Bouclier de bronze 820 -720

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    Après les discours et avant la visite inaugurale du musée menée par l'archéologue Nikos Stabolidis, il y eut un spectacle court, mais fort intéressant. Trois petites minutes de texte qui introduisent les danses : tout d'abord, en écho à ce qui vient d'être déclamé (cf. plus bas) une pyrrhique ou danse guerrière, puis les danseurs du Cercle Culturel d'Anogia, au son de la lyre de Vassilis Skoulas deviennent des danseurs-bondissants !

     J'avoue que j'ignorais qu'Euripide (480-406) avait écrit une tragédie intitulée Les Crétois : c'est vrai que, d'une part, il ne nous en reste que cinq petits fragments  dont seuls deux sont exploitables, et que d'autre part  les lexicographes, les rédacteurs d'anthologies ou les mythographes de l'époque alexandrine sont peu bavards sur ce sujet qui ne semble guère avoir intéressé d'autres dramaturges, sujet, il est vrai, quelque peu scabreux, mais, comme le dit si joliment Félix Buffières "Poètes et penseurs grecs ont un étrange pouvoir d’alchimistes. Est-il rien de plus hideux à nos imaginations que la bestialité, nommée par eux zoophilie ? […] Ces inventeurs de mythes savent changer le plomb en or, quitte à mettre une jolie femme dans une peau de vache."*

    La "jolie femme", c'est Pasiphaé, tombée follement amoureuse du taureau blanc offert par Poséidon à Minos pour qu'il le lui sacrifie, ce que Minos ne fait pas, lui substituant un vulgaire taureau de son troupeau. Pasiphaé demande au génial artiste qu'est Dédale de construire un simulacre de vache dans lequel elle se glissera : l'union se fait, le Minotaure voit je jour, et malgré les efforts de Pasiphaé pour cacher son rejeton, le roi l'apprend et la condamne à mort.  Le fragment le plus complet relate la défense de Pasiphaé plaidant non coupable et rejetant la faute sur le parjure.

   Le texte utilisé dans le spectacle n' estpas cette défense mais un court fragment de la parodos, entrée du chœur dans l'orchestra : ce sont des initiés (mystes) au culte de Zeus  des ascètes végétariens...

   L'actrice s'adresse d'abord au public (texte hors Euripide et peu audible) : "Crétois, enfants du mont Ida, je vous salue, et je me réjouis de votre zèle à... ayant quitté les montagnes..."

    "Fils de Zeus et d'Europe, de souche phénicienne, toi qui règnes sur la Crète-aux-cent-villes, (Minos) je suis venu, laissant le temple sacré, dont le toit est fait de poutres en cyprès local qu'une hache de fer a taillées, solidement assemblées avec de la colle de taureau. Menant une vie pure qui a fait de moi un initié de Zeus de l'Ida et un bouvier de Zagreus qui erre la nuit, je me tiens éloigné des naissances des mortels et à l'écart de la souillure des tombes, et la nourriture où se cache la vie, je m'en préserve.

     Moi qui ai levé des torches vers la Mère des dieux, Rhéa, et accompli des festins omophagiques (viande crue), j'ai eu l'honneur d'être appelé Bacchos, avec les Kourètes aux boucliers de bronze, qui firent résonner avec fracas (?) leurs boucliers devant la grotte sacrée  de l'Ida, afin que Kronos n'entendît pas les pleurs de l'enfant Zeus et ne le dévorât pas, Kourètes  qui, dansant en battant la mesure de leurs pieds bruyamment, sur la terre sacrée de Crète, protégèrent le dieu, le Très Haut." (texte qui n'est pas dans les fragments)

 (Merci à Thalétas de m'avoir quelque peu "dépannée" !)

* Cité par Laurent Gourmelen - Univ Angers - ici in Mythe et fiction (ouvrage collectif) Articles accessibles  ici