• Promenade à Athènes avec les voyageurs des 17, 18 et 19èmes siècles

          Deux grands événements "mémoriels" marqueront l'année  2016 :

         - le bicentenaire des rapines et exactions commises par Lord Elgin sur l'Acropole, plus précisément l'entrée, en 1816, des sculptures du Parthénon au British Musée qui les avait achetées à Elgin, et donc, certainement, le lancement d'une nouvelle campagne pour leur retour,

          - les 150 ans de la pose de la première pierre du Musée Archéologique National d'Athènes.

          L'exposition temporaire actuelle consacrée aux voyageurs européens qui, à partir du  XVIIème, vinrent rêver, écrire et/ou dessiner au milieu des ruines en est le prélude. Il n'y eut pas que des prédateurs, néanmoins beaucoup d'entre eux avaient pour mission de rapporter des objets destinés à enrichir les collections royales ou princières, et ils le faisaient, sans même avoir le sentiment que c'était du vol et du vandalisme.

    Du 9 septembre 2015 au 8 octobre 2015

    au Musée Archéologique National d'Athènes

    «Ένα όνειρο ανάμεσα σε υπέροχα ερείπια… Περίπατος στην Αθήνα των περιηγητών, 17ος-19ος αιώνας» 

     

     

    Promenade à Athènes avec les voyageurs des 17, 18 et 19èmes siècles

    Vue d'Athènes. De gauche à droite : La colline Philopappou, avec à son somment le monument funéraire de Philopappos érigé vers 114 de notre ère, l'Acropole, l'agora (ou bibliothèque d'Hadrien ?), le temple de Zeus Olympien, le Lycabette, et au premier plan, l'Ilissos.

          Athènes est une bourgade insignifiante, mais son passé prestigieux et ce qu'il en reste attirent les "touristes"*. Quelques voyageurs se risquent à partir pour Athènes à partir du XVIIème siècle, puis la cadence s'accélère au XVIIIème. Ces voyageurs sont logés chez les consuls ou accueillis à l'hospice des moines capucins qui s'étaient installés à Athènes en 1658. L'Acropole était devenue une citadelle et le voïvode (le gouverneur ottoman d'Athènes) ou le disdar (commandant militaire de l'Acropole)  ne donnaient pas facilement l'autorisation de la visiter, même avec un firman (écrit établi au nom du sultan) ou un bakchich.

     

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         Dans l'intervalle des 50 ans qui séparent ces deux dates (1816 - 1866), la Grèce a connu des bouleversements majeurs. Elle s'est, sur une partie du territoire revendiqué, libérée de la tutelle de l'Empire Ottoman, Il y a désormais un Etat et les Antiquités ne peuvent plus être l'objet de tractations diverses ni,  servir de "monnaie" comme ce fut le cas dans les relations et échanges Sultan - chancelleries européennes. Consuls ou ambassadeurs étrangers, souvent authentiques amateurs, ne peuvent plus se servir ou se faire servir, en toute impunité, par des archéologues-limiers ou trafiquants à leur service. Des mesures de protection sont prises dès 1827 (Assemblée de Trézène) et le 1er gouverneur de la Grèce autonome, Kapodistrias, fonde le premier Musée National sur l'île d'Egine, qui fut, de par un contretemps, la 1ère capitale de l'Etat Grec - avant Nauplie, puis Athènes en 1834.

          Dès avant la Guerre d'Indépendance contre les Turcs, les Grecs ont pris conscience de la valeur des marbres et ruines qui les entourent. Les inspirateurs et acteurs de la Révolution grecque sont des "produits" du Siècle des Lumières et du Néoclassicisme : la volonté de ne plus être des sujets ottomans (raïas = troupeaux) mais de devenir des citoyens autonomes est dans la droite ligne des idéaux la Révolution française. Ils se sentent désormais descendants et héritiers de l'Antiquité. 

           Les voyageurs, savants, artistes, ou chasseurs de trésors (les trois pour certains) ont eux aussi, à leur manière, contribué à la connaissance, la reconnaissance et l'appropriation par les Grecs de leur passé glorieux et de leur patrimoine culturel et artistique. Au détriment de tout ce qui a fait la grandeur de l'Empire byzantin, peu considéré voire déconsidéré, et longtemps vu comme une période de décadence et sans intérêt...

     

    Promenade à Athènes avec les voyageurs des 17, 18 et 19èmes siècles

    L'exposition se tient dans les salles consacrées aux expositions temporaires, à droite du grand escalier qui conduit à l'étage.

     

            Sont donc présentés 22 carnets de voyages illustrés, des cartes, plans, dessins, peintures, aquarelles, gravures qui viennent de la Bibliothèque du Parlement Grec, du Musée de la Ville d'Athènes et des Archives Centrales Nationales : une grande partie de ces documents est montrée au public pour la 1ère fois.  Ces objets "dialoguent" avec 35 sculptures du Musée Archéologique National, dont beaucoup sont elles aussi exposées pour la 1ère fois. Le tout est complété par des œuvres musicales  créées dans les pays des voyageurs présentés, mais aussi par de la musique grecque, par exemple celle qu'avait notée le compositeur-théoricien français Bourgault-Ducoutray lors de son voyage à Athènes en 1874-75.

             Des applications permettent au visiteur d'approfondir son voyage !  

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    *touriste, de l'anglais tourist, formé à partir du français "tour", apparu en 1800 et aussitôt passé dans la langue française. C'est ainsi que l'on appelle ces jeunes gens, nobles ou fortunés pour la plupart, les Dilettanti, qui, avant de se caser / d'être casé, partent pour le Grand Tour, plus ou moins initiatique : le voyage en Italie et en Grèce et même en Orient. Le terme grec, ancien et moderne est : périégète / περιηγητής. Le périégète c'est celui qui guide en faisant le tour, et fait une description détaillée (le tour des choses), par extension le voyageur qui rend compte de  ce qu'il voit, ce qu'il a vu, soit l'écrivain-voyageur. 

        Le Périégète par excellence, c'est Pausanias qui, à la fois géographe, historien, explorateur, archéologue, philologue, collecteur de légendes, nous a laissé une Périégèse de la Grèce / Περιήγησις Ελλάδος en dix livres. Il a parcouru toute la Grèce continentale, l'Asie, l'Afrique, l'Italie au 2ème siècle de notre ère ! Né vers 115 à Magnésie du Sipyle en Lydie, il s'était fixé à Rome au terme de ses pérégrinations et y mourut vers 180.

     

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       Il faut saluer le travail qui a été fait par le Musée Archéologique National ces tout derniers temps : depuis quelques années, cet établissement est en perte de vitesse et n'est même plus d'office au programme des tour-operator... Le Nouveau Musée de l'Acropole l'a effacé du paysage, ce qui est bien dommage. Succès certes justifié ! Il n'en reste pas moins que ce qu'offre le Musée Archéologique, des temps les plus lointains jusqu'à la conquête romaine, est d'un autre ordre, inégalé. Le Musée Archéologique peut  aujourd'hui paraître vieillot et poussiéreux, sa muséographie plate et dépassée, dépourvue d'attrait : sa rénovation n'est  cependant pas à l'ordre du jour... Mais comme le montrent différentes initiatives mises en place par sa nouvelle directrice, Maria Lagogianni-Georgakarakou, la cause n'est pas perdue et il est possible d'y faire venir et/ou revenir le visiteur grec et le visiteur étranger !

     Présentation de l'exposition (en grec) 

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  • Commentaires

    1
    Fab
    Jeudi 17 Septembre 2015 à 08:11

    Bon voyage à notre périègète !!!!!!

    superbe article, j'espère que tu auras le temps de visiter cette belle et riche expo!!

    2
    Jeudi 17 Septembre 2015 à 08:53

    Bonjour et merci Fabienne ! Non, pas du tout : je ne passe pas par Athènes ! Les H en revanche la verront et j'ai "commandé" les photos !

    3
    Thalétas
    Jeudi 17 Septembre 2015 à 09:26
    Pourquoi le bicentenaire d'Elgin? 1816?
    4
    Jeudi 17 Septembre 2015 à 21:37

    1816 Entrée des sculptures du Parthénon au British Museum qui les avait achetés à Elgin, d'où par un raccourci (maladroit sans doute) de ma part  = Elgin !

    Bonne soirée !

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