• Titos Patrikios, prix Max Jacob 2016 (Littérature étrangère)

    Sur la barricade du temps / Στο οδόφραγμα του χρόνου

    recueil bilingue de poésies écrites à partir de 2009

    Poèmes traduits par Marie-Laure Coulmin Koutsaftis, avec une introduction de l'historien Olivier Delorme, aux éditions Le temps des cerises.

     

    Titos Patrikios, prix Max Jacob 2016 (Littérature étrangère)     Titos Patrikios est une des grandes figures poétiques de l'après-guerre, une des dernières à avoir vécu les horreurs de l'occupation allemande et ce qui s'ensuivit.

          Il est né à Athènes en 1928 dans une famille d'acteurs. Dès qu'il en a l'âge, il s'engage dans les Jeunesses de la Résistance (EPON). Condamné à mort en 1944 par des collaborateurs, il échappe de justesse à l'éxécution... Par la suite il est déporté à  Makronissos et à Aï Stratis de 1951 à 1953 dans le cadre de son service militaire comme "soldat indésirable", Il y fera la connaissance de Yannis Ritsos

         Au retour il vivra en résidence surveillée et de 1956 à 1964, ce sera l'exil, en France où il étudie la sociologie à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes. Il revient en Grèce, mais, trois ans plus tard, en avril 1967, les colonels prennent le pouvoir, et il repart en France jusqu'à la chute de la junte. De retour en Grèce en 1975, il exerce sa profession d'avocat et de traducteur littéraire (auteurs français et russes).

         Patrikios a commencé à écrire très jeune.

         "Lorsque je fus transféré à Aï-Stratis, en 1952"  raconte-t-il dans un entretien, "je ne voulais plus parler de poésie J'en avais fini avec les poèmes, dérangé par mes lectures marxistes et considérant que la poésie ne pouvait aller de pair avec la lutte et l'action. Et si je suis devenu poète finalement, je le dois à Yannis Ritsos qui était là-bas lui aussi. Il m'a aidé à comprendre le ridicule de mon point de vue. Il me disait : « Tu ne reviendras pas dans ma cabane si tu n'apportes pas de poème. Tu n'as pas compris que la poésie est ton destin ?» C'est donc sous cette pression que je suis revenu à la poésie. Je lui apportais mes premiers manuscrits. Et il me conseillait d'effacer la moitié de ce que j'écrivais. Un conseil, apparemment, que ni lui ni moi n'avons suivi autant que nous aurions dû.". Son premier recueil de poésies a été publié en 1954.

     

    MA LANGUE

    Ma langue ne m’a pas été facile à garder
    au milieu des langues qui allaient la dévorer
    mais c’est dans ma langue que je continuais à compter
    dans ma langue que j’amenais le temps aux mesures du corps
    dans ma langue que je multipliais la volupté jusqu’à l’infini
    en elle que me revenait à l’esprit un enfant
    avec la marque blanche laissée par un caillou jeté sur sa tête rasée.
    Je m’efforçais de ne perdre pas même un de ses mots
    parce que c’est dans cette langue que me parlaient même les morts.

    (Traduction Marie-Claude Coulmin Koutsaftis)

     

     Η ΓΛΩΣΣΑ ΜΟΥ

    Τη γλώσσα μου δεν ήταν εύκολο να τη φυλάξω
    ανάμεσα σε γλώσσες που πήγαιναν να την καταβροχθίσουν
    όμως στη γλώσσα μου συνέχιζα πάντα να μετράω
    στη γλώσσα μου έφερνα τον χρόνο στα μέτρα του κορμιού
    στη γλώσσα μου πολλαπλασίαζα την ηδονή ως το άπειρο
    μ’ αυτή ξανάφερνα στον νου μου ένα παιδί
    με άσπρο σημάδι από πετριά στο κουρεμένο του κεφάλι.
    Πάσχιζα να μη χάσω ούτε μια της λέξη
    γιατί σ’ αυτή τη γλώσσα μου μιλούσαν κι οι νεκροί.
     

     

    ****************

     Article intéressant (avec beaucoup d'extraits de poèmes) paru dans l'Humanité 22 juillet 2015 Titos Patrikios

     ****************

         Extrait d'un concert-lecture donné au pied de l'Acropole début septembre 2015 : Thierry Pécou, compositeur, au piano, et récitants : Titos Patrikios pour le texte en grec et Daniel Cohn-Bendit pour la traduction en français. Ci-dessous, le texte en grec (Sans titre, texte IX du recueil)

     

     

     Η ποίηση έρχεται να σε βρει με ποδήλατο, με μηχανάκι,

           με αυτοκίνητο

    άλλοτε έρχεται σαν αμαζόνα με το σπαθί υψωμένο

    άλλοτε σε ακολουθεί από το σουπερμάρκετ σαν

           κουρελού ζητιάνα

    σε παρασύρει όπως πορνοστάρ σε φαντασιακές αβύσσους

    σε ανακαλεί στην τάξη σαν διευθύντρια αναμορφωτηρίου

    σου εμφανίζεται στα έγκατα του ύπνου σαν άσπιλη

             παρθένα

    σ' εξαπατά στέλνοντας στη θέση της μια θεραπαινίδα της

    κι εσύ νομίζεις πως την έριξες επιτέλους στο κρεβάτι σου

    σε καλεί με ντουντούκα να φωνάξεις κομματικά

            συνθήματα

    σε περιπαίζει δίνοντας προτεραιότητα στις σοβαρές σου

             ασχολίες

    σου γεμίζει το άδειο γραμματοκιβώτιο των φιλοδοξιών

    σε δελεάζει με όνειρα δόξας, χρήματος, αθανασίας

    σε πείθει σαν άπιστη ερωμένη πως είναι δική σου μόνο

    σε προσπερνάει για να ξεσκονίσει νεκροζώντανους

            αρχηγούς

    σου φουσκώνει τις ουτοπίες όσο να σκάσουν σαν μπαλόνι

    σου θυμώνει άμα δεν βλέπεις ότι προσπαθεί να διαλύσει

             την ομίχλη

    σου ζητάει βοήθεια άμα την κυνηγούν οι εξουσίες

             που αψήφησε

    σου λέει πώς κι όταν τις υμνούσε, κρυφά τις υπονόμευε

    σου επισημαίνει τις κοινοτοπίες, σου ανατρέπει

            τ' αυτονόητα

    σου ψιθυρίζει μυστικά που πρέπει εσύ να εξιχνιάσεις

    σου φωτίζει πράγματα που μέναν σκοτεινά ως τότε

    ώσπου κάποια στιγμή σε ανταμείβει για την αφοσίωση σου

    σου αποκαλύπτει την αλήθεια, σου λέει καθαρά πως

           ανήκει σε όλους.

    Εκεί πάνω η ποίηση βρίσκει τον καθένα μας.

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  • Commentaires

    1
    guitou
    Vendredi 4 Mars 2016 à 10:05

    Merci pour ce poème, excellente leçon de grec (prononciation et compréhension) pour l'éternelle débutante que je suis !

      • Vendredi 4 Mars 2016 à 10:22

        Grec très bien articulé par le poète ! Et ce sont de beaux textes !

    2
    Marie-Joëlle Naulin
    Samedi 5 Mars 2016 à 11:14

    Très beaux textes! Merci Madeleine! ...Je ne savais pas que Cohn-Bendit pratiquait et traduisait le grec moderne!

      • Samedi 5 Mars 2016 à 14:31

        Je n'ai pas compris ta remarque sur Cohn-Bendit, Marie-Joëlle...

    3
    Marie-Joëlle Naulin
    Samedi 5 Mars 2016 à 18:30

    Ma remarque était simplement que j'ignorais que Cohn-Bendit avait traduit des textes de grec moderne.

      • Dimanche 6 Mars 2016 à 09:11

        Cohn-Bendit lit la traduction du poème faite par Laure Coulmin Koutsaftis : ma légende manquait peut-être de clarté... Pour moi il n'y avait aucune ambiguïté, comme quoi, il faut relire sept fois !

    4
    Marie-Joëlle Naulin
    Dimanche 6 Mars 2016 à 20:47

    Merci ,Madeleine, pour cette précision!

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