•       Les manifestations  à Athènes, Thessalonique, Patras, Kalamata, La Canée etc. pour la commémoration de la mort du jeune Alexandros (tué par un policier) lors des révoltes de décembre 2008, se sont achevées dans la confusion totale

         Une fois de plus, à Athènes dans le quartier d'Exarchia, dans la soirée en fin de manifestation, les débordements, les violences, les casses, les incendies ont commencé, et c'est un paysage de désolation... comme si la "crise" ne suffisait pas... Les services de voirie ont ramassé dans la matinée 50 tonnes de pierres.

          Le centre de Thessalonique offre aussi ce matin aussi un spectacle de désolation.

        En ce moment, le climat social et politique est très lourd et explosif avec "l'affaire Romanos"  sur le devant de la scène. Nikos Romanos est un jeune homme de 22 ans incarcéré depuis 2008 pour vols à main armée (ce qu'il n'a jamais nié) et participation à un groupeterroriste (il a toujours nié en revanche faire partie d'une organisation terroriste). Ce qui dérange beaucoup, c'est qu'il avait affirmé que son ami Alexandros avait été assassiné de sang-froid par 2 policiers, mais il n'a jamais été présenté aux procès comme témoin. Depuis 4 semaines, il fait une grève de la faim pour protester contre ses conditions de détention. Il demande notamment à être transféré à la prison d'Athènes Korydallos de façon à pouvoir suivre les cours de l'Université. Il a en effet suivi des cours par correspondance et réussi le concours d'entrée à l'Université. En août 2014, il s'est marié (civilement en prison) avec une jeune fille (non détenue) qu'il fréquentait avant son arrestation. Bref, une affaire qui secoue le gouvernement et la Justice... Et bien sûr, comme toujours et comme partout, de l'huile sur le feu.

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  • Lundi 8 décembre 2014, colloque à l'INALCO - Langues Orientales de 17h à 21h

         "En décembre 1945, quelques mois avant le début de la guerre civile grecque (1946-1949), les philhellènes Octave Merlier, directeur de l’Institut français d’Athènes, et son collaborateur, le secrétaire général Roger Milliex, conçoivent le projet de sauver des jeunes intellectuels grecs [résistants et/ou communistes] et les envoyer à Paris. 

         Ce voyage, devenu depuis lors mythique, est celui du Mataroa. 
         Après bien des péripéties diplomatiques, reports et une attente insoutenable, ils parviennent à affréter ce bateau néo-zélandais au nom étrange – qui signifie la femme aux grands yeux en polynésien – et à faire partir à Paris 140 boursiers du gouvernement français. 
     
         Ils sauvent ainsi un grand nombre d’artistes, d’intellectuels et de scientifiques grecs de la génération d’après-guerre. En les faisant échapper aux chasses à l’homme, à la mort, à la peur, à la faim et à l’insécurité, quotidien que vivait alors la Grèce à l’aube de la Guerre Civile, ils leur offrent en même temps un tremplin et l’espoir d’un futur. 
     
         Parmi les passagers de cette « arche » contemporaine qui brilleront en Europe grâce à leur œuvre, on peut distinguer les penseurs Cornelius Castoriadis, Kostas Axelos et Kostas Papaioannou, les sculpteurs Mémos Makris, Kostas Coulentianos, Kostas Valsamis et Bella Raftopoulou, les peintres Dikos Vizantios, Eleni Stathopoulou et Anna Kinduni, la peintre et écrivain Nelly Andrikopoulou, les poètes Matsi Chatzilazarou et Andreas Cambas, les auteurs Elli Alexiou, Mimika Cranaki et Andreas Kedros, les médecins Eleni Thomopoulou, Evangelos Brikas et Andreas Glinos, Dimitris et Ioannis Marinopoulos, qui deviendront par la suite de célèbres entrepreneurs, les architectes Aristomenis Provelengios, Nikos Chatzimichalis, Takis Zenetos et Panos Tzelepis, l’architecte-urbanitste Georges Candilis, le cinéaste Manos Zacharias, le chef d’orchestre Dimitris Chorafas, l’historien Nicolas Svoronos et l’académicien Emmanuel Kriaras." Texte de présentation du colloque.
     
    Voir : Programme
     
         "En 2014, au cœur d’une crise économique et surtout sociale d’une ampleur jamais vue après la guerre, un groupe d’artistes se partageant entre Athènes et Paris réussissent grâce à leur travail de recherche et à leur ténacité, mais aussi après beaucoup de difficultés et de rebondissements, à réaliser un rêve fou. « Le voyage du Mataroa » prendra vie sur la scène du Théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine. |Pour la première fois, des Grecs, sur la scène du Th du Soleil]
     
         Entre oubli et anamnèse, le documentaire d’Andréas Siadimas et Panagiotis Vouzas nous fait découvrir l’histoire du Mataroa et s’interroge sur la portée de ce voyage épique aux niveaux individuel et collectif. La question de la transmission testimoniale et du travail de mémoire est centrale dans l’appréhension de ce passé toujours actuel."
     

    Video ci-dessous : extrait du documentaire (sous-titré en grec et en français selon les langues utilisées)

     

     

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    Du 10 au 28 décembre 2014

    Au Théâtre du Soleil - Cartoucherie de Vincennes

    du mercredi au samedi à 20h, le dimanche à 15h (relâches exceptionnelles jeudi 25 et vendredi 26 décembre)

    Mataroa, la mémoire trouée

    une création collective, "à la Mnouchkine", inspirée des témoignages des passagers du Mataroa et notamment de Nelly Andrikopoulou

    Mise en scène Hélène Cinque (qui a fait partie de la troupe d'Ariane Monouchkine)

    Idée artistique, recherche, organisation Elita Kounadi
    Équipe de travail Cybèle Castoriadis, Dimitris Daskas, Pantelis Dentakis, Ioanna Kanellopoulou, Elita Kounadi
    Musique Nikos Kypourgos
    Costumes Georges Vafias
    Traduction Dimitris Alexakis, Cybèle Casstoriadis
    Vidéo Stylianos Pangalos
    Lumières Vincent Lefèvre

    Avec : Cybèle Castoriadis, Dimitris Daskas, Pantelis Dentakis, Malamatenia Gotsi, Ioanna Kanellopoulou, Elita Kounadi, Tatiana Pitta, Harold Savary, Georges Stamos, Polydoros Vogiatzis

    Et : Clio Makris (sculptrice), Tassos Sakellaropoulos (historien) et Alkinoos Ioannidis (compositeur)

         Pendant toute la durée des représentations, la sculptrice Clio Makris exposera au foyer du Théâtre du Soleil une installation exclusive inspirée de l’histoire du Mataroa.

    Présentation du spectacle  Donne, entre autres, des repères historiques, généralement méconnus... et la "biographie" du bateau Mataroa

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    Location : 01 43 74 24 0801 43 74 24 08, tous les jours de 11h à 18h
    Prix des places : Individuels 20 €/Collectivités et chômeurs 15 €/Étudiants et scolaires 10 €.

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  •      Pour la première fois depuis que les Elginia (marbres sculptés du Parthénon vandalisés par Elgin et achetés par le BM) sont exposés au British Museum, l'un d'entre eux va en sortir et sera exposé à partir de samedi 6.12 jusqu'au 18janvier 2015 au Musée de l'Ermitage à Saint Petersbourg... 

         Il s'agit d'une des statues du fronton Ouest du Parthénon*, le fronton qui met en scène la dispute d'Athéna et de Poséidon, chacun voulant être la divinité protectrice d'Athènes, laquelle statue, située à l'angle gauche du fronton représente le dieu-fleuve Céphise, - et non le dieu-fleuve Ilissos comme il est souvent dit par erreur, erreur que reprend d'ailleurs la presse grecque et lemonde.fr.

     

    Le British Museum prête une statue du Parthénon...

         Le Céphise dont le manteau semble ruisseler dans un superbe tombant, regarde vers là où il coulait, au nord de l'Acropole, tandis qu'à l'angle droit de ce fronton, on trouve la fontaine Callirhoé et l'Ilissos qui lui, coulait au sud de l'Acropole. Ce serait intéressant de savoir ce qui est écrit sur le carton du BM : Céphise ou Ilissos ?! 

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          Il n'est pas surprenant  que ce prêt ait  été perçu en Grèce comme une provocation et ait suscité la fureur du Premier Ministre Antonis Samaras...  Il était convenu (tacitement convenu au moins) que ces marbres ne pouvaient être en aucun cas déplacés ou prêtés : pour les Grecs, la seule sortie  possible du British, c'est leur retour à Athènes, et le seul prêt possible, c'est un prêt longue durée au Musée de l'Acropole. Voilà donc un "dogme" qui n'est plus respecté... et ce prêt s'apparente à un geste visant par lequel le British M montre qu'il en a  la pleine propriété et donc le libre usage. Un des arguments mis en avant par le British  pour garder ces marbres a été de dire qu'il n'y avait pas de lieu à Athènes susceptible de les accueillir, ce qui n'est plus le cas depuis 2009.  Cette provocation n'est probablement pas sans lien avec les prises de position récentes favorables au retour des sculptures à Athènes et préconisant différents recours pour y parvenir. 

          Cette sculpture, déménagée dans le plus grand secret, va figurer dans l'exposition commémorant les 250 ans du Musée de l'Ermitage...

          L'argumentaire du directeur du British est sommairement le suivant : le British ouvert en 1759 et l'Ermitage en 1764 sont les deux grands Musées du Siècle des Lumières, le British est un musée du monde, pour le monde entier, et rien ne le confirme de façon plus éclatante que le prêt de cette sculpture du Parthénon (?!), nouvelle preuve de la grande générosité du BM et de ses idéaux  : exposer au plus grand nombre les chefs d'œuvre. De tels prêts doivent continuer, quels que soient les désaccords politiques entre les pays, donc, lorsque l'Ermitage a demandé qu'on lui prêtât pour les 250 ans une œuvre significative, le BM a dit oui tout de suite, et aucun prêt n'aurait pu mieux signifier la longue amitié entre les deux pays (R-U et Russie) qu'une sculpture du Parthénon, et le directeur d'ajouter qu'il espérait que le gouvernement grec en serait très heureux,  heureux qu'un public immense puisse admirer les chefs d'œuvre de la Grèce ancienne en Russie à défaut de pouvoir venir à Londres ou à Athènes.

         Le premier ministre grec ne semble pas avoir été convaincu, pas plus que le Ministre e la Culture et du sport.

    Source : presse grecque, TA NEA et To Ethnos

    * François Queyrel Le Parthénon Un monument dans l'Histoire Ed. Barillat 2008

    * Alkistis Horemi -Spetsieri Les sculptures du Parthénon Ed. Efesos 2004 (en grec)

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  •       Au cours des fouilles, 7 blocs de marbre formant partie d'un entablement avaient été trouvés derrière le mur aux Cariatides, dans l'amoncellement de terre sous lequel se trouvait la mosaïque. Ces  blocs de marbre 80 cm de long et 15cm de hauteur ont immédiatement été mis en sécurité au Musée d'Amphipolis pour examen, car des traces de couleur avaient été repérées.

          De quel entablement s'agit-il ? Le communiqué du Ministère de la Culture et du Sport manque de clarté et de précision... Ne serait-ce pas plutôt une frise au-dessus d'un entablement?...  Espérons que lors de sa communication samedi 6 décembre 2014 à Paris ( ENS Ulm 15h), Katerina Peristeri fournira plus de détails qu'elle n'en a donnés à Athènes... Elle est en effet invitée par la Société Française d'Archéologie Classique à faire une communication sur les fouilles de la tombe Kasta (2012-2014) et le lion d'Amphipolis.

           Des peintures donc, encore peu lisibles pour le moment : autant la mosaïque résiste au temps, autant la peinture, elle, est fragile, surtout quand elle a été  recouverte de terre. Sur le bloc de marbre qui est en ce moment en cours de restauration, on peut d'ores et déjà, voir une scène encore difficile à identifier de façon sûre.

     

    Amphipolis : peintures

        

         Néanmoins, on devine, au centre, un animal, un taureau vraisemblablement, à gauche une figure masculine, à droite une femme, et des traces  de couleur : il semblerait que la femme tienne une hydrie, et l'homme également.

     

    Amphipolis : peintures

         De chaque côté de ces personnages se tiennent des figures féminines ailées, dont l'une, à droite, semble se diriger vers un trépied sur lequel repose un chaudron / λέβητα : à gauche une amphore  et en haut une frise ionique "ondulatoire". 

         Une hypothèse d'interprétation : l'homme serait un athlète que couronneraient une ou plusieurs Victoires (Nikês) et le prix de sa victoire serait, présent classique et confirmé, un trépied et le "lébès". Quant au taureau, il est probablement destiné au sacrifice, mais dans la Thessalie toute proche de la Macédoine et ailleurs, sont attestés des combats contre des taureaux, et plus spécialement des prises de taureaux sauvages qui sont l'occasion pour les participants de se livrer à des exercices d'acrobatie et de voltige. Il faut attendre encore un peu pour en savoir plus sur cette scène.

    M.R.

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  • Aux éditions ypsilon,

    une anthologie : textes traduits par Pascal Neveu (2013)

    L'amertume et la pierre Poètes au camp de Makronissos 1947 - 1951*

    Yannis Ritsos & Aris Alexandrou & Tassos Livaditis &
    Titos Patrikios & Ménélaos Loudémis & Victoria Théodorou & Dimitris Doukaris & Leftéris Raftopoulos & Manolis Kornilios & Kostas Kouloufakos & Tzavalas Karoussos

         "L’histoire politique de la Grèce depuis 1830, date de son indépendance officielle, jusqu’en 1974, chute de la Junte des Colonels, a été particulièrement instable. Dictatures et coups d’état se sont succédés. C’est néanmoins sous un régime d’apparence démocratique que le camp de Makronissos fut fondé. Par le nombre des déportés autant que par l’amplitude et l’intensité des moyens de persécution, individuels et collectifs, physiques et psychiques, mis en place ; par le rôle central qu’il occupait dans la propagande de l’État ; par la « production littéraire » qu’il a engendrée, Makronissos représente l’apogée d’un système politique et législatif établi tout au long d’un siècle d’histoire grecque mouvementée".  Note du traducteur, Pascal Neveu.

         L'anthologie est suivie d'une postface particulièrement riche  qui retrace l'histoire politique de la Grèce de 1871 date à laquelle furent promulguées les premières lois coercitives jusque 1974, chute des colonels, et l'histoire de Makronissos.  Il faut noter aussi une section consacrée aux camps pour femmes, ce que l'on sait fort peu.

    * 1947-1951 : guerre civile / ο εμφύλιος ( πόλεμος)

    Toujours aux éditions ypsilon, et du même traducteur, mais cette fois-ci en bilingue grec-français.

     

    Yannis Rítsos Journal de déportation ( novembre 2014)

        "Alors qu'il était déporté sur les îles de Limnos et Makronissos, entre 1948 et 1950, Ritsos tenait un «journal» poétique. Chaque matin, malgré les terribles conditions de détention, il se réveillait avant tout le monde pour écrire ses poèmes, sur des petits carnets ou des paquets de cigarettes. Le quotidien et l'amertume du détenu, dans la poésie de Ritsos, y font entendre les silences de la pierre et parler les oublis de l'histoire.
    Ce Journal de déportation est traduit pour la première fois en français". (Note de l'éditeur)
     

     

    Aris Alexandrou Voies sans détour, bilingue grec-français (2014)

        "Voix des plus singulières parmi celles des poètes de la génération dite « de la défaite », poètes grecs de l'immédiat après-guerre qui connurent la guerre civile, la répression et la déportation, Aris Alexandrou est resté sa vie durant un homme fièrement indépendant.
          Ses poèmes témoignent, comme le titre du recueil l’indique, d’un choix intransigeant auquel il voue une fidélité radicale. D’une parole directe, aussi proche que distante de ses interlocuteurs, camarades et ennemis, l’individu se confronte au collectif déchiré par les idéologies.
    Grand traducteur, notamment du russe, Alexandrou entretient un dialogue intime avec Maïakovski dont la présence est essentielle dans ces poèmes."

         A noter aussi qu'Aris Alexandrou, quasi inconnu en France, est l'auteur d'un unique roman, roman terrifiant, La Caisse/ Το κιβώτιο : Ed. Cambourakis

     

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    Aux éditions Bruno Doucey :

    De Yannis Rítsos : La marche de l'océan, en bilingue : traduction de Anne Personnaz.

         "Après Le Chant de ma sœur et Symphonie du printemps, le lecteur peut enfin tenir entre ses mains le troisième volet de la trilogie de jeunesse de Yannis Ritsos : La Marche de l’océan, livre jusqu’alors inédit en français. Nous sommes en 1939. Tandis que résonnent les marches militaires de l’armée allemande, le poète grec écrit un long texte voué à la houle continue de la mer. Un chant où la lointaine présence d’Ulysse se mêle à l’évocation des vieux marins «qui n’ont plus de caïques » et fument en silence « voyages, ombre et regret ». Un chant où les souvenirs d’enfance n’empêchent pas de songer aux « captifs attachés aux ancres, un anneau serré au cou de l’horizon. » Car ce texte lyrique, puissant, délié, ne retrouve la geste des souffles antiques que pour venir en aide au présent. Un chant de résistance et d’espoir, un poème pour notre temps." Note de l'éditeur

         Petit rappel : chez le même éditeur, de Rítsos Grécité / Ρωμιοσύνη, en bilingue avec la reprise de la traduction de Jacques Lacarrière.

    Bonnes lectures !

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