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8 mars, Journée de la Femme
Il n'est pas inutile de le rappeler...
Kiki Dimoula, Le Peu du Monde / Το Λίγο του Κόσμου 1971
(Traduction de Michel Volkovitch, Poésie/Gallimard)
SIGNE DE RECONNAISSANCE
Statue de femme aux mains liées
Tout le monde t’appelle aussitôt statue
et moi aussitôt je te donne le nom de femme.Tu décores un jardin public.
De loin tu nous trompes.
On te croirait légèrement redressée
pour te souvenir d’un beau rêve,
et prenant ton élan pour le vivre.
De près le rêve se précise :
tes mains sont liées dans le dos
par une corde de marbre
et ta posture, c’est ta volonté
de trouver quelque chose qui t’aide
à fuir l’angoisse du prisonnier.
On t’a commandée ainsi au sculpteur :
prisonnière.
Tu ne peux
peser dans ta main ni la pluie
ni la moindre marguerite.
Tes mains sont liées.Ce n’est pas seulement le marbre qui te garde
comme Argus. Si quelque chose allait changer
dans le parcours des marbres,
si les statues entraient en lutte
pour conquérir la liberté, l’égalité,
comme les esclaves,
les morts
et notre sentiment,
toi tu marcherais
dans cette cosmogonie des marbres
les mains toujours liée, prisonnière.Tout le monde t’appelle aussitôt statue
et moi tout de suite je t’appelle femme.
Non pas du fait que le sculpteur
a confié une femme au marbre
et que tes hanches promettent
une fertilité de statue
une belle récolte d’immobilité.
À cause de tes mains liées, que tu as
depuis que je te connais, tous ces siècles,
je t’appelle femme.Je t’appelle femme
car tu es prisonnière.************
La statue se trouve dans l'allée piétonne Tositsa, située entre le Musée Archéologique National et l'Ecole Polytechnique Metsovio. Ella été sculptée par Konstantinos Seferlis (né en 1928) en 1951 et elle représente l'Epire du Nord / Βόρειος Ήπειρος, hommage-souvenir à cette région donnée à l'Albanie. Les découpages territoriaux obéissent à des stratégies qui font peu de cas des peuples et de leur histoire...
Kiki Dimoula y voit elle, le symbole de la femme prisonnière. Cette statue a souvent été barbouillée...
Σημείο Αναγνωρίσεως
άγαλμα γυναίκας με δεμένα χέρια
Όλοι σε λένε κατευθείαν άγαλμα,
εγώ σε πρσφωνώ γυναίκα κατευθείαν.
Στολίζεις κάποιο πάρκο.
Από μακριά εξαπατάς.
Θαρρεί κανείς πώς έχεις ελαφρά ανακαθήσει
να θυμηθείς ένα ωραίο όνειρο πού είδες,
πώς παίρνεις φόρα να το ζήσεις.
Από κοντά ξεκαθαρίζει το όνειρο:
δεμένα είναι πισθάγκωνα τα χέρια σου
μ’ ένα σκοινί μαρμάρινο
κι η στάση σου είναι η θέλησή σου
κάτι να σε βοηθήσει να ξεφύγεις
την αγωνία του αιχμάλωτου.
Έτσι σε παραγγείλανε στο γλύπτη:
αιχμάλωτη.
Δεν μπορείς
ούτε μια βροχή να ζυγίσεις στο χέρι σου,
ούτε μια ελαφριά μαργαρίτα.
Δεμένα είναι τα χέρια σου.
Και δεν είν’ το μάρμαρο μόνο ο Άργος.
Αν κάτι πήγαινε ν’ αλλάξει
στην πορεία των μαρμάρων,
αν άρχιζαν τ’ αγάλματα αγώνες
για ελευθερίες και ισότητες,
όπως οι δούλοι,
οι νεκροί
και το αίσθημά μας,
εσύ θα πορευόσουνα
μες στην κοσμογονία των μαρμάρων
με δεμένα πάλι τα χέρια, αιχμάλωτη.
Όλοι σε λένε κατευθείαν άγαλμα,
εγώ σε λέω γυναίκα αμέσως.
Όχι γιατί γυναίκα σε παρέδωσε
στο μάρμαρο ο γλύπτης
κι υπόσχονται οι γοφοί σου
ευγονία αγαλμάτων,
καλή σοδειά ακινησίας.
Για τα δεμένα χέρια σου, πού έχεις
όσους πολλούς αιώνες σε γνωρίζω,
σε λέω γυναίκα.
Σε λέω γυναίκα
γιατ’ είσ’ αιχμάλωτη.
Tags : 8 mars journée de la femme, Kiki Dimoula, signe de reconnaissance
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Commentaires
2Marie AlineMardi 8 Mars 2016 à 13:40Oui merci Madeleine pour ce magnifique poème et très belle statue ! Mad
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Mardi 8 Mars 2016 à 18:10
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Merci, Madeleine, pour ce beau poème et cette belle statue!
M.J.N.
Ce n'est pas un "inédit" pour toi ce poème !