•      La totalité de la mosaïque est désormais dégagée, et comme sur la fresque de la "Tombe de Perséphone", Pluton-Hadès, de son bras gauche, tient fermement Perséphone qui se débat. Les similitudes entre les deux représentations sont frappantes. C'est la 1ère fois que l'on trouve une mosaïque dans un tombeau macédonien, mosaïque, qui, ne l'oublions pas, conduit à la porte de marbre et à ce qui est probablement la chambre funéraire. Depuis la porte aux  sphinges, en passant par les caryatides, la progression  est particulièrement soignée, de l'ordre d'une mise en scène.

         Le rapt de Perséphone  est à mettre en relation avec l'orphisme et les cérémonies dionysiaques : les rois macédoniens étaient les grands prêtres de ces cultes. Il semblerait donc que cette tombe ait un lien avec la maison royale macédonienne (les Téménides) : elle apparaît, au fur et à mesure de l'avancée, de plus en plus exceptionnelle et royale !

     

    Amphipolis : Perséphone

     

    Le désespoir de la jeune fille-aux-belles-boucles-flamboyantes, arrachée aux siens, est finement rendu par le mouvement de la tête, par le regard et le bras tendus vers l'arrière : appel à l'aide et adieu au monde d'en haut... Cette mosaïque, par ses couleurs, son dessin, la mise en espace des espaces des personnages, fait penser aux grandes peintures de Botticelli...

     

    Amphipolis : Perséphone

     

          La mosaïque a été immédiatement protégée : du phelizol (? en grec φελιζόλ) et un plancher de bois permettant à l'équipe de se déplacer et poursuivre le travail. Une coupe dans la partie endommagée de la mosaïque a montré que les tesselles reposent sur un mortier de 8-10 cm, sous lequel il y a une couche  de pierres polies en arrondi d'une épaisseur de 10-12 cm, posées à même le sol qui est d'argile sablonneuse.  

    M.R.

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  •     Plus on s'avance sous terre, plus les travaux de soutènement sont importants, et déblayer les masses de terre n'est pas sans risque, ni pour la tombe ni pour les équipes ! Ce n'est donc que dimanche dernier, 12 octobre, que la deuxième chambre (derrière les Caryatides) a pu être dégagée, faisant apparaître une mosaïque (4,5m x 3m), elle aussi stupéfiante de beauté ! Elle couvre le sol jusque la porte de marbre qui donne sur une troisième chambre.

      

    Amphipolis : et maintenant, une mosaïque !

      

      

    Amphipolis : et maintenant, une mosaïque !

        Sur deux de ses côtés la mosaïque est encadrée par une frise (0.60m de large), elle aussi remarquable - les motifs de la spirale et du méandre sont courants. Surprenant par sa régularité le cercle central (0,80m de diamètre) : ce pourrait être l'emplacement d'un autel, ensuite retiré... Les tesselles manquantes ont été trouvées dans la terre, et la mosaïque pourra être, au moins en partie, complétée, ce qui permettra de conforter l'hypothèse avancée qui est d'ores et déjà une quasi certitude, à savoir que le personnage manquant est Perséphone, enlevée par le dieu des Enfers, Pluton (le cavalier de droite) et conduite aux Enfers* par Hermès psychopompe**. La mort est un rapt, un "ravissement"...

     

    Amphipolis : et maintenant, une mosaïque !

    Pluton : représentation traditionnelle sous la forme d'un homme mûr, voire ici plutôt âgé, et couronné de laurier - sous les traits du père d'Alexandre, Philippe II ?...

     

    Amphipolis : et maintenant, une mosaïque !

         Nous regardant, Hermès, le jeune messager des dieux, dans sa fonction de Psychopompe : il porte sa coiffure aux larges bords, le pétase / ο πέτασος et jeté sur ses épaules son manteau de voyage, le mandyas / ο μανδύας. Il tient le caducée, son insigne de héraut*** / το κηρύκειο, et est chaussé de ses sandales ailées / φτερωτά σανδάλια.

        Le "dessin" de la mosaïque est d'une précision et d'une finesse exceptionnelle, sans oublier la diversité des couleurs.

          Un tel motif dans une tombe n'a rien d'étonnant, et est même traditionnel. A Aegai / Vergina, se trouve une fresque représentant cet enlèvement dans la tombe appelée, et pour cause, la "tombe de Perséphone" !

     

    Amphipolis : et maintenant, une mosaïque !

    De gauche à droite, Hermès guidant le char à 2 chevaux, Pluton tenant un fouet et  de l'autre bras emportant Perséphone, puis, tout en bas, à droite, (probablement) une servante affolée.

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    *Enfers : le monde d'en bas par opposition au monde d'en haut sans autre connotation, avec ses lieux de délices, comme les Champs Elyséens, et ses lieux réservés aux grands "criminels" (Sisyphe par exemple).

    ** psychopompe : qui conduit les âmes dans le monde d'en bas. "pompe" signifie cortège : cf nos pompes funèbres. Comme généralement, c'est cérémonieux, pompe en est venu à avoir le sens courant et péjoratif de cérémonie, mais "enflée"...

    *** héraut : celui qui annonce, qui fait les annonces officielles, le crieur public

    Les photos sont celles transmises à la presse par le Ministère de la Culture. Le texte s'inspire librement des articles parus dans TA NEA et Eleftheropypia.

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    Petit "cadeau" pour les néohellénistes, TA NEA du 12.10.2014: description de la mosaïque

    Την κεντρική παράσταση περιβάλλει διακοσμητικό πλαίσιο, πλάτους 0,60μ.,το οποίο συντίθεται από διπλό μαίανδρο, τετράγωνα και τρέχουσα σπείρα, ενώ το φόντο της παράστασης είναι σε αποχρώσεις γκρι-μπλε.
    Η κεντρική παράσταση απεικονίζει άρμα σε κίνηση, που σύρεται από δύο λευκά άλογα, το οποίο οδηγεί γενειοφόρος άνδρας, με στεφάνι δάφνης στο κεφάλι. Μπροστά από το άρμα απεικονίζεται ο θεός Ερμής ως ψυχοπομπός, ο οποίος φορά πέτασο, μανδύα, φτερωτά σανδάλια και κρατά κηρύκειο. Η σύνθεση έχει κατεύθυνση από ανατολικά προς τα δυτικά.
    Η παράσταση διακρίνεται για την εξαίρετη τέχνη στην απόδοση των λεπτομερειών των χαρακτηριστικών, τόσο των μορφών, όσο και των αλόγων, όπως και για την αρμονία των χρωμάτων. Η σύνθεση είναι σύγχρονη του ταφικού συγκροτήματος και χρονολογείται στο τελευταίο τέταρτο του 4ου αιώνα π.Χ.
    Το ψηφιδωτό έχει υποστεί φθορά στο κέντρο, σε σχήμα κύκλου, διαμέτρου 0,80μ. Ωστόσο, πολλά μέρη από το φθαρμένο τμήμα έχουν βρεθεί στην αμμώδη επίχωση. Τις επόμενες μέρες θα γίνει προσπάθεια συγκόλλησης και αποκατάστασής του, προκειμένου να συντεθεί, στο μέτρο του δυνατού, η συνολική εικόνα της παράστασης.

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  •      Monnaies grecques à l'encan / δημοπρασία / στο σφυρί

         La galerie munichoise Gorny & Mosch organise à partir du 13 octobre 2014, à Munich, une vente qui comprend essentiellement des monnaies (de très grande valeur comme elle le précise sur son site*) en majorité romaines (364) et grecques (331) : au nombre de ces dernières, des monnaies crétoises, des chouettes lauréotiques en argent et surtout un certain nombre de tétratrachmes en argent et or du dernier quart du IVème siècle avant J.-C., trouvées à Pella, Aegae, et Amphipolis, ce qui ne manque pas de susciter des réactions sur la "toile" grecque.

        Le commerce d'antiquités n'est jamais très clair... Et bien sûr, revient en mémoire, entre autres exactions commises par les forces d'occupation nazies (mars 1941-octobre 1944) le pillage des antiquités grecques. Il faut dire aussi que les trafiquants grecs n'ont pas manqué non plus, comme l'a rapporté la presse grecque il y a quelques semaines.  Et il est sûr qu'à l'heure où Amphipolis sort de l'ombre (peu de touristes visitent la Grèce du Nord) et devient l'attraction du moment, les prix ne peuvent que s'envoler...

         Les monnaies sont visibles sur les catalogues  avec mise à prix, une petite description et la possibilité de regarder les monnaies à la loupe, au sens propre du terme.

     

    Monnaies grecques aux enchères

    Zeus couronné de feuilles de laurier et sur l'autre face

     

    Monnaies grecques aux enchères

    Philippe II, le père d'Alexandre, et entre les pattes du cheval, le soleil.

     

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    Monnaies grecques aux enchères

    Zeus et sur l'autre face

     

    Monnaies grecques aux enchères

    Philippe II

     

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    Monnaies grecques aux enchères

    Athéna casquée et sur l'autre face

     

    Monnaies grecques aux enchères

    Victoire ailée ( Aegae/Vergina) et le nom d'Alexandre.

     

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    De très belles monnaies crétoises également, comme ce statère en argent (-450)

     

    Monnaies grecques aux enchères

    Le Minotaure et le labyrinthe en forme de svastika. Mise à prix : 30 000 euros.

    Gorny & Mosch

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  • Du 5 octobre au 19 janvier 2015
     
        L'exposition La Grèce des origines, entre rêve et archéologie est organisée par le Musée d'Archéologie et Domaine national de Saint-Germain-en-Laye.
      
      
    La Grèce des origines, entre rêve et archéologie

    Palais de Cnossos, Crète (M.R.)

      

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         Ci-dessous, la présentation  de l'exposition proposée par le Musée.
      
         "Plus de trente ans après l’exposition Mer Egée, Grèce des Îles au Musée du Louvre et 15 ans après l’exposition l’Europe au temps d’Ulysse organisée au Grand Palais, les civilisations millénaires qui ont peuplé la Grèce reviennent sur le devant de la scène. À la fin du XIXe siècle, les archéologues et le public français avaient découvert ces civilisations dans un grand fracas d’images, de motifs, d’or et de couleurs. La science archéologique comme l’art moderne s’en trouvèrent profondément bouleversés.
      
         L’exposition "La Grèce des origines, entre rêve et archéologie" vous fera revivre la découverte du passé le plus ancien de la Grèce grâce à des collections de nombreux musées français, de documents d’archives inédits et de photographies d’époque.
      
         Lors de ce voyage dans le temps, vous rencontrerez des personnalités originales : géologues, archéologues et amateurs éclairés, sortes de savants à la Jules Verne.
        Après les pionniers, qui parcoururent les Cyclades et permirent, par exemple, la découverte des premiers vestiges sur l’île de Santorin, vous verrez comment deux hommes surdoués et grands rêveurs, Heinrich Schliemann et Arthur Evans, écrivirent une autre histoire de la Grèce, bien antérieure à l’époque classique, en fouillant les sites de Troie en Asie Mineure, Mycènes en Grèce et Cnossos en Crète.
      
         Ces découvertes fabuleuses furent visibles en France grâce à l’exposition d’objets originaux mais aussi de reproductions spectaculaires d’Emile Gilliéron, exceptionnellement présentées à Saint-Germain-en-Laye. À l’époque, les civilisations de la mer Egée firent la une de la presse et les sites archéologiques de Mycènes et Cnossos devinrent de nouvelles destinations de voyage. Les artistes allèrent y puiser leur inspiration auprès d’un art neuf, vibrant et coloré. Décors de théâtre ou d’opéras, costumes, robes et écharpes célébrées  par Marcel Proust vous raconteront cette mode « égéenne » qui s’abattit sur Paris.
      
         C’était il y a plus de cent ans… et vous vous apercevrez que les archéologues portent actuellement un regard différent sur ces civilisations dites « égéennes » mais que les artistes continuent de s’en inspirer, de la haute couture aux bandes dessinées, en passant par les péplums qui sortent actuellement au cinéma."
      
      
    La Grèce des origines, entre rêve et archéologie
     
    Masque funéraire dit d'Agamemnon, découvert à Mycènes Musée Archéologique National d'Athènes. Photo M.R.
     
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    De 10 à 17h, tous les jours sauf le mardi (billet valable pour la journée : l'occasion de découvrir le Château et les collections !)
     
    Musée d'Archéologie nationale et Domaine national de Saint-Germain-en-Laye
    Château Place Charles de Gaulle
    78100 Saint-Germain-en-Laye
     
    RER ligne A : Station Saint-Germain-en-Laye située devant le château (20 mn depuis Charles-de-
    Gaulle-Etoile).
    Autobus 258 depuis La Défense.
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    Amphipolis : le lion

     

     

    Amphipolis : le lion

     

          L'impressionnant lion de marbre (5,30m de hauteur) d'Amphipolis se dresse près du vieux pont du Strymon, sur la route départementale qui va d'Amphipolis à Serrès : il y monte la garde depuis l'automne 1937.

          C'est en 1912, lors des guerres balkaniques, que des soldats grecs, construisant un pont sur le Strymon, localisent dans le fleuve et sur la rive des blocs de marbre antique sculptés qui avaient été réemployés par les Romains pour faire un barrage sur le Strymon.

         Un peu plus tard, en 1916, ce sont des soldats anglais qui, au cours de travaux de fortifications, trouvent les blocs manquant de ce qui apparaît comme étant un lion aux proportions énormes. "Archéophiles", ils s'empressent de transporter ces blocs près de la mer, afin de les envoyer en Angleterre, mais une incursion bulgare met un terme à leur entreprise...

            Dès le milieu du XIXème siècle, la Macédoine a attiré beaucoup d'archéologues, de français notamment (l'Ecole Française d'Athènes* a été fondée en 1846) : une mention particulière pour Paul Perdrizet (un des fondateurs de l'école d'archéologie et d'histoire des arts de Nancy).

              Les fouilles reprirent au début des années 1930 et mirent au jour d'autres éléments du lion, et en 1936, l'archéologue français  Jacques Roger et l'américano-suédois Oscar Broneer prennent en main le chantier : ils "recollent" les morceaux du lion (monument funéraire) et le remontent sur un socle, persuadés que les blocs trouvés appartiennent au socle originel, ce qui n'est pas le cas. Les débris du socle se trouvent sur le tertre de Kasta, ce qui prouve que le lion est partie intégrante de la tombe de Kasta.

                De ce chantier nous avons un témoignage remarquable, les photos prises par Broneer et éditées en 1941 par l'Ecole Américain d'Athènes, The Lion Monument at Amphipolis, Jacques Roger ayant de son côté publié en 1939 dans le Bulletin de correspondance hellénique** un article très documenté, avec schémas et photos.

      

    Amphipolis : le lion

     

    Amphipolis : le lion

     

    Amphipolis : le lion

     

    Amphipolis : le lion

     

    Amphipolis : le lion

         Sur cette dernière photographie, il apparaît clairement que le lion n' a pas de langue, ce qui n'a pas manqué d'"intriguer et a donné lieu à des légendes locales. Le sculpteur, dont on ne sait qui il est, se serait rendu compte de cet oubli une fois la sculpture terminée et placée sur le socle, et de rage et de honte, il l'aurait démolie et jetée dans le Strymon, afin que disparaisse à jamais cette "faute". Une autre version dit que cet oubli est délibéré : le lion, muet du coup, ne pourrait dévoiler aux passants curieux le nom de celui dont il garde le tombeau... Comment se forment les légendes !

     

     * Site de l'Ecole Française d'Athènes http://www.efa.gr

    **http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1939_num_63_1_2674

    M.R.

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