•      Pour la première fois depuis que les Elginia (marbres sculptés du Parthénon vandalisés par Elgin et achetés par le BM) sont exposés au British Museum, l'un d'entre eux va en sortir et sera exposé à partir de samedi 6.12 jusqu'au 18janvier 2015 au Musée de l'Ermitage à Saint Petersbourg... 

         Il s'agit d'une des statues du fronton Ouest du Parthénon*, le fronton qui met en scène la dispute d'Athéna et de Poséidon, chacun voulant être la divinité protectrice d'Athènes, laquelle statue, située à l'angle gauche du fronton représente le dieu-fleuve Céphise, - et non le dieu-fleuve Ilissos comme il est souvent dit par erreur, erreur que reprend d'ailleurs la presse grecque et lemonde.fr.

     

    Le British Museum prête une statue du Parthénon...

         Le Céphise dont le manteau semble ruisseler dans un superbe tombant, regarde vers là où il coulait, au nord de l'Acropole, tandis qu'à l'angle droit de ce fronton, on trouve la fontaine Callirhoé et l'Ilissos qui lui, coulait au sud de l'Acropole. Ce serait intéressant de savoir ce qui est écrit sur le carton du BM : Céphise ou Ilissos ?! 

    *************** 

          Il n'est pas surprenant  que ce prêt ait  été perçu en Grèce comme une provocation et ait suscité la fureur du Premier Ministre Antonis Samaras...  Il était convenu (tacitement convenu au moins) que ces marbres ne pouvaient être en aucun cas déplacés ou prêtés : pour les Grecs, la seule sortie  possible du British, c'est leur retour à Athènes, et le seul prêt possible, c'est un prêt longue durée au Musée de l'Acropole. Voilà donc un "dogme" qui n'est plus respecté... et ce prêt s'apparente à un geste visant par lequel le British M montre qu'il en a  la pleine propriété et donc le libre usage. Un des arguments mis en avant par le British  pour garder ces marbres a été de dire qu'il n'y avait pas de lieu à Athènes susceptible de les accueillir, ce qui n'est plus le cas depuis 2009.  Cette provocation n'est probablement pas sans lien avec les prises de position récentes favorables au retour des sculptures à Athènes et préconisant différents recours pour y parvenir. 

          Cette sculpture, déménagée dans le plus grand secret, va figurer dans l'exposition commémorant les 250 ans du Musée de l'Ermitage...

          L'argumentaire du directeur du British est sommairement le suivant : le British ouvert en 1759 et l'Ermitage en 1764 sont les deux grands Musées du Siècle des Lumières, le British est un musée du monde, pour le monde entier, et rien ne le confirme de façon plus éclatante que le prêt de cette sculpture du Parthénon (?!), nouvelle preuve de la grande générosité du BM et de ses idéaux  : exposer au plus grand nombre les chefs d'œuvre. De tels prêts doivent continuer, quels que soient les désaccords politiques entre les pays, donc, lorsque l'Ermitage a demandé qu'on lui prêtât pour les 250 ans une œuvre significative, le BM a dit oui tout de suite, et aucun prêt n'aurait pu mieux signifier la longue amitié entre les deux pays (R-U et Russie) qu'une sculpture du Parthénon, et le directeur d'ajouter qu'il espérait que le gouvernement grec en serait très heureux,  heureux qu'un public immense puisse admirer les chefs d'œuvre de la Grèce ancienne en Russie à défaut de pouvoir venir à Londres ou à Athènes.

         Le premier ministre grec ne semble pas avoir été convaincu, pas plus que le Ministre e la Culture et du sport.

    Source : presse grecque, TA NEA et To Ethnos

    * François Queyrel Le Parthénon Un monument dans l'Histoire Ed. Barillat 2008

    * Alkistis Horemi -Spetsieri Les sculptures du Parthénon Ed. Efesos 2004 (en grec)

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  •       Au cours des fouilles, 7 blocs de marbre formant partie d'un entablement avaient été trouvés derrière le mur aux Cariatides, dans l'amoncellement de terre sous lequel se trouvait la mosaïque. Ces  blocs de marbre 80 cm de long et 15cm de hauteur ont immédiatement été mis en sécurité au Musée d'Amphipolis pour examen, car des traces de couleur avaient été repérées.

          De quel entablement s'agit-il ? Le communiqué du Ministère de la Culture et du Sport manque de clarté et de précision... Ne serait-ce pas plutôt une frise au-dessus d'un entablement?...  Espérons que lors de sa communication samedi 6 décembre 2014 à Paris ( ENS Ulm 15h), Katerina Peristeri fournira plus de détails qu'elle n'en a donnés à Athènes... Elle est en effet invitée par la Société Française d'Archéologie Classique à faire une communication sur les fouilles de la tombe Kasta (2012-2014) et le lion d'Amphipolis.

           Des peintures donc, encore peu lisibles pour le moment : autant la mosaïque résiste au temps, autant la peinture, elle, est fragile, surtout quand elle a été  recouverte de terre. Sur le bloc de marbre qui est en ce moment en cours de restauration, on peut d'ores et déjà, voir une scène encore difficile à identifier de façon sûre.

     

    Amphipolis : peintures

        

         Néanmoins, on devine, au centre, un animal, un taureau vraisemblablement, à gauche une figure masculine, à droite une femme, et des traces  de couleur : il semblerait que la femme tienne une hydrie, et l'homme également.

     

    Amphipolis : peintures

         De chaque côté de ces personnages se tiennent des figures féminines ailées, dont l'une, à droite, semble se diriger vers un trépied sur lequel repose un chaudron / λέβητα : à gauche une amphore  et en haut une frise ionique "ondulatoire". 

         Une hypothèse d'interprétation : l'homme serait un athlète que couronneraient une ou plusieurs Victoires (Nikês) et le prix de sa victoire serait, présent classique et confirmé, un trépied et le "lébès". Quant au taureau, il est probablement destiné au sacrifice, mais dans la Thessalie toute proche de la Macédoine et ailleurs, sont attestés des combats contre des taureaux, et plus spécialement des prises de taureaux sauvages qui sont l'occasion pour les participants de se livrer à des exercices d'acrobatie et de voltige. Il faut attendre encore un peu pour en savoir plus sur cette scène.

    M.R.

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  • Aux éditions ypsilon,

    une anthologie : textes traduits par Pascal Neveu (2013)

    L'amertume et la pierre Poètes au camp de Makronissos 1947 - 1951*

    Yannis Ritsos & Aris Alexandrou & Tassos Livaditis &
    Titos Patrikios & Ménélaos Loudémis & Victoria Théodorou & Dimitris Doukaris & Leftéris Raftopoulos & Manolis Kornilios & Kostas Kouloufakos & Tzavalas Karoussos

         "L’histoire politique de la Grèce depuis 1830, date de son indépendance officielle, jusqu’en 1974, chute de la Junte des Colonels, a été particulièrement instable. Dictatures et coups d’état se sont succédés. C’est néanmoins sous un régime d’apparence démocratique que le camp de Makronissos fut fondé. Par le nombre des déportés autant que par l’amplitude et l’intensité des moyens de persécution, individuels et collectifs, physiques et psychiques, mis en place ; par le rôle central qu’il occupait dans la propagande de l’État ; par la « production littéraire » qu’il a engendrée, Makronissos représente l’apogée d’un système politique et législatif établi tout au long d’un siècle d’histoire grecque mouvementée".  Note du traducteur, Pascal Neveu.

         L'anthologie est suivie d'une postface particulièrement riche  qui retrace l'histoire politique de la Grèce de 1871 date à laquelle furent promulguées les premières lois coercitives jusque 1974, chute des colonels, et l'histoire de Makronissos.  Il faut noter aussi une section consacrée aux camps pour femmes, ce que l'on sait fort peu.

    * 1947-1951 : guerre civile / ο εμφύλιος ( πόλεμος)

    Toujours aux éditions ypsilon, et du même traducteur, mais cette fois-ci en bilingue grec-français.

     

    Yannis Rítsos Journal de déportation ( novembre 2014)

        "Alors qu'il était déporté sur les îles de Limnos et Makronissos, entre 1948 et 1950, Ritsos tenait un «journal» poétique. Chaque matin, malgré les terribles conditions de détention, il se réveillait avant tout le monde pour écrire ses poèmes, sur des petits carnets ou des paquets de cigarettes. Le quotidien et l'amertume du détenu, dans la poésie de Ritsos, y font entendre les silences de la pierre et parler les oublis de l'histoire.
    Ce Journal de déportation est traduit pour la première fois en français". (Note de l'éditeur)
     

     

    Aris Alexandrou Voies sans détour, bilingue grec-français (2014)

        "Voix des plus singulières parmi celles des poètes de la génération dite « de la défaite », poètes grecs de l'immédiat après-guerre qui connurent la guerre civile, la répression et la déportation, Aris Alexandrou est resté sa vie durant un homme fièrement indépendant.
          Ses poèmes témoignent, comme le titre du recueil l’indique, d’un choix intransigeant auquel il voue une fidélité radicale. D’une parole directe, aussi proche que distante de ses interlocuteurs, camarades et ennemis, l’individu se confronte au collectif déchiré par les idéologies.
    Grand traducteur, notamment du russe, Alexandrou entretient un dialogue intime avec Maïakovski dont la présence est essentielle dans ces poèmes."

         A noter aussi qu'Aris Alexandrou, quasi inconnu en France, est l'auteur d'un unique roman, roman terrifiant, La Caisse/ Το κιβώτιο : Ed. Cambourakis

     

    ***********

    Aux éditions Bruno Doucey :

    De Yannis Rítsos : La marche de l'océan, en bilingue : traduction de Anne Personnaz.

         "Après Le Chant de ma sœur et Symphonie du printemps, le lecteur peut enfin tenir entre ses mains le troisième volet de la trilogie de jeunesse de Yannis Ritsos : La Marche de l’océan, livre jusqu’alors inédit en français. Nous sommes en 1939. Tandis que résonnent les marches militaires de l’armée allemande, le poète grec écrit un long texte voué à la houle continue de la mer. Un chant où la lointaine présence d’Ulysse se mêle à l’évocation des vieux marins «qui n’ont plus de caïques » et fument en silence « voyages, ombre et regret ». Un chant où les souvenirs d’enfance n’empêchent pas de songer aux « captifs attachés aux ancres, un anneau serré au cou de l’horizon. » Car ce texte lyrique, puissant, délié, ne retrouve la geste des souffles antiques que pour venir en aide au présent. Un chant de résistance et d’espoir, un poème pour notre temps." Note de l'éditeur

         Petit rappel : chez le même éditeur, de Rítsos Grécité / Ρωμιοσύνη, en bilingue avec la reprise de la traduction de Jacques Lacarrière.

    Bonnes lectures !

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  • Ci-dessous la photo du squelette prise par Katerina Peristeri sur son portable lors de sa découverte. 

    Amphipolis : le squelette

    L'examen scientifique du squelette  devrait commencer dans les jours qui viennent

        Chaque nouvelle trouvaille fait surgir de nouvelles interrogations en plus de la taraudante question : qui est-ce ? Est-ce le seul squelette ou y en a-t-il d'autres, et éventuellement d'autres tombeaux ou chambres funéraires sous ce tertre immense ? L'auscultation du tertre au laser est en cours.

         Il semblerait que la tombe fouillée ait été, à l'origine, ouverte et visitable tout au moins jusque la chambre funéraire. Ce serait à l'époque romaine et après la violation et pillages qu'auraient été construits devant la porte aux Sphinges et devant la porte aux Cariatides des murs les obturant, et c'est par les trous visibles dans le haut de ces murs qu'auraient déversées les masses de terre sablonneuses, lesquelles ne viendraient donc pas du Strymon comme il avait été dit.

          Dans une région qui n'a pas de marbre, l'enceinte, comme la base du lion constituaient dans la dernière période de l'empire romain une "carrière" extraordinaire ! La totalité du marbre utilisé dans la tombe Kasta vient de l'île de Thasos. 

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  •    

    29.11.2014 Conférence à Athènes au Ministère de la Culture

    Amphipolis : le paysage (TA NEA) 

         C'est devant un parterre d'archéologues, conservateurs, membres de l'équipe des fouilles et journalistes que Katerina Peristeri a fait son exposé  à Athènes, dans l'amphithéâtre du Ministère de la Culture et du Sport : "Fouilles du monument funéraire Kasta-Amphipolis  2012-2014", suivi de celui de l'architecte Michalis Lefantzis : "Lien entre le lion et la tombe d'Amphipolis : construction et architecture", puis de celui de l'ingénieur civil Dimitris Egglezos : "Le rôle de l'ingénierie civile dans la découverte du monument funéraire Kasta : présentation des travaux de soutènement provisoire et analyses concernant l'interprétation et la vérification."

           Résumé des exposés :

         Amphipolis est un site archéologique très important : les fouilles ont commencé dans la décennie 1950, sous la direction du grand archéologue Lazaridis, et on y a trouvé des tombeaux de l'époque du fer et de l'époque archaïque. La localisation de l'enceinte date de 2010 et c'est en 2012 qu'une petite équipe s'est passionnée pour ce lieu abandonné depuis des années et des années, ne pensant pas qu'il aurait beaucoup de choses à y découvrir... Mais c'est cette année seulement que l'entrée en a été repérée.

        Comme on pouvait s'y attendre, aucune révélation sur l'identité du destinataire n'a été faite, le squelette n'ayant pas encore été scientifiquement examiné. Néanmoins, une photo du transport des ossements enveloppés de la terre où ils gisaient a été montrée, mais apparemment non diffusée, et des détails ont été donnés. Le squelette a été trouvé démantelé en plusieurs morceaux mais il a pu être reconstitué à presque 100%. Le crâne, par exemple, se trouvait en dehors de la fosse, mais la mâchoire inférieure à l'intérieur. Les os des bras, des jambes et de la colonne vertébrale n'étaient pas dispersés, tandis que le bassin qui seul pouvait, à la vue, "dire" le sexe, était, si on peut dire, démembré.

        L'archéologue en chef a également révélé que l'on avait trouvé de la céramique (vernis noir) datant du IVème siècle av. J.-C. de même que des monnaies représentant Alexandre III (Alexandre Le Grand) datées du 2ème av. J.-C., i.e. de l'époque des derniers rois macédoniens. Elle a ajouté qu'il y a un tel  matériel en céramique qu'ils ne savent pas encore de quoi précisément ils disposent.

        On a trouvé aussi un contrepoids, des cales pour une grue d'époque romaine, ce qui prouve que les Romains ont utilisé toute une machinerie pour prendre arracher les blocs de marbre et les transporter en vue d'une réutilisation, ce qui est confirmé par les traces d'une rampe, machinerie qui, apparemment, a été utilisée à plusieurs reprises, jusqu'aux Vème et VIème siècles de notre ère. Il y a très certainement encore beaucoup de blocs de marbre (enceinte et lion) au fond du lac Kerkini.

         Quant à la Cariatide de droite au visage mutilé, c'est une poutre, laquelle se trouvait dans les masses de terre qui, au moment de l'avancée dans le tombeau, est tombée sur elle. La mosaïque, elle, devrait être restituée dans son intégralité : ce serait en bonne voie.

          Comme elle l'avait dit au début des travaux, Katerina Peristeri a réaffirmé qu'un tombeau de cette taille et de plus couronné par un lion, ne pouvait être que celui d'un chef militaire.

    *************

    Traduction libre des articles de TA NEA et de Kathimerini : les communications faites seront peut-être mises en ligne sur le site du Ministère de la Culture et du Sport. M.R.

     

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